Des inondations récurrentes qui ne passent plus à Hallignicourt
ENVIRONNEMENT. Un propriétaire foncier a subi plusieurs inondations sur ses terres agricoles, à Hallignicourt. Selon lui, celles-ci proviennent d’un manque d’entretien du fossé Charles-Quint et de travaux non adaptés au débit d’eau. Au final, il a effectué des travaux lui-même.
Dominique Grosjean a le sens du détail. Quand on feuillette son dossier composé de constats, de calculs, de cartes et de photos, on se doute qu’il en a assez des inondations qui ont touché ses terres, au début de cette année, à Hallignicourt, précisément à la maison forestière de la Garenne. Les exploitants de ses terres – son fils et son cousin – auraient perdu environ 2 000 € de moisson.
En cause, selon le propriétaire foncier : « Un manque d’entretien du fossé le Charles-Quint, ce qui provoque localement des barrages et des inondations ; et la pose d’une buse de 50 cm de diamètre sous la RD196 ».
Il réclame un nouvel aménagement de la section d’écoulement du fossé, sous le canal à Perthes, estimant que : « Les trois buses de 1 mètre de diamètre sont insuffisantes, il en faudrait au moins trois de plus. L’aménagement actuel ayant plus de 70 ans et l’augmentation du débit d’eau en amont, venant de Saint-Dizier notamment, ayant considérablement augmenté ».
Préserver Perthes
Fort de ces observations, Dominique Grosjean a effectué une visite sur le terrain avec la maire de Perthes, Marie-Claude Saget-Thyes. Il estime que : « Les entités administratives s’arrangent pour ne pas trop noyer Perthes, mais les répercussions touchent les alentours du village ». Il a aussi envoyé un dossier au conseil départemental, au syndicat mixte du bassin de la Marne et de ses affluents, à l’Office national des forêts, à l’exploitant pénalisé et à son assurance.
Dans son dossier, il alerte sur le fait que « l’entretien des fossés de la forêt de la Garenne de Perthes n’est pas réalisé. De son origine jusqu’à l’endroit où il se jette dans la Marne, le fossé Charle-Quint a aussi de nombreux barrages construits ou de dépôts, ce qui ralentit son débit et augmente son niveau quand il pleut abondamment avec inondations d’habitations à Perthes et de terres agricoles ».
Et il assure que : « La pose de la buse sous la RD196 a accéléré l’inondation des terres agricoles, plutôt que des zones boisées, en réalisant un réservoir vers les terres et non en favorisant l’écoulement de l’eau vers le fossé ». Décidé à se montrer constructif, l’homme a proposé d’améliorer le débit du fossé.
La commune et l’Etat en cause
Si la maire de Perthes n’a pas répondu malgré nos multiples sollicitations, le conseil départemental a livré sa version des faits, après une visite sur le terrain. « Le Département possède un fossé en bord de RD196. Les services ont contrôlé le profil en long du fossé et il s’avère que ce dernier est en état normal d’entretien, sachant qu’il fait par ailleurs l’objet d’un fauchage régulier ».
Quant à l’aggravation des inondations depuis la pose de la buse, le Département assure que : « Le renouvellement de l’aqueduc de la RD196 ne peut être mis en cause, attendu qu’il a été opéré en lieu et place d’un dalot existant afin de ne pas bouleverser le fonctionnement hydraulique sur ce secteur ».
Il conclut ainsi : « La problématique mise en avant concerne donc l’entretien de fossés qui ne répondent pas du Département (maîtrise foncière commune et Etat) ». Afin d’éviter des procédures longues, Dominique Grosjean a décidé d’agir lui-même : « J’ai demandé l’autorisation à la mairie d’Hallignicourt pour dégager le fossé Charles-Quint. C’était à la commune de le faire mais ça l’a arrangée, et je l’ai fait gratuitement. Ils étaient d’accord avec moi sur le constat, mais ils ne se sont jamais déplacés pour voir », raconte le propriétaire avec dépit. Bonne nouvelle, à Perthes, « ils ont nettoyé le Charles-Quint dans le village ».
Il reste à espérer qu’avec pareils nettoyages, les champs de blé ne soient plus inondés.
Marie-Hélène Degaugue
Vers un collectif de territoire ?
Bettancourt-la-Ferrée connaît régulièrement des inondations. Le 30 septembre, lors d’une réunion d’information (lire notre édition du 3 octobre), un riverain, touché par les crues alors qu’il entretient régulièrement la rivière Ornel, avait proposé la création d’une association. Un moyen de peser sur les collectivités et les structures qui ont souvent tendance à se renvoyer la balle.
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A la lecture de ces lignes, Dominique Grosjean était intéressé à se rallier à la cause des Bettancourtois pour faire bouger les choses. Pour l’instant, il ne s’agit que d’un projet mais pourquoi pas ? Cette démocratie participative, si elle réunissait toutes les victimes d’inondations sur un même bassin, pourrait peser dans le débat, et peut-être faire avancer plus vite les aménagements destinés à lutter contre les crues.