A Saint-Dizier, les habitués d’Emmaüs n’aiment pas gâcher
SOLIDARITE. Le profil des acheteurs a évolué chez Emmaüs. Le commerce solidaire, issu de l’association de loi 1901 qui lutte contre la pauvreté, a observé de nouvelles habitudes chez sa clientèle. Les jeunes et les actifs en séjour de courte durée préfèrent éviter le gâchis.
Depuis toujours, le concept d’Emmaüs est basé sur l’achat à petits prix d’affaires ayant déjà servi. Et depuis l’apparition du Covid, Yannick Pierlot et Marc Popiélas, co-responsables du site du Val d’Ornel, ont remarqué un changement d’habitudes et de profil des acheteurs. « Notre clientèle a bien changé en deux ans. Même si tout le monde est revenu dès l’ouverture, on remarque parmi nos clients beaucoup de jeunes et des actifs qui sont ici car mutés provisoirement. Ils ont laissé leurs meubles dans le Sud et viennent acheter des meubles provisoires. Ça ne les intéresse pas de se procurer des objets neufs », annoncent les deux responsables.
Préservation de la planète et effet tendance
On pourrait voir là un effet de la baisse du pouvoir d’achat, il n’en est rien, assurent Yannick Pierlot et Marc Popiélas. « Cela n’a pas tant d’impact que ça. Les gens sont surtout sensibles à réutiliser les affaires, à faire revivre un objet pour le bien de la planète », déclarent-ils. Sans compter que l’ancien revient à la mode. « Beaucoup s’habillent rétro désormais. Et les gens aiment bien customiser les meubles », ajoutent-ils.
« Dans ce contexte écologique, les responsables insistent sur le fait que les Bragards peuvent venir déposer tous leurs objets en fin de vie qu’ils auraient déposés à la déchetterie. En effet, ici on recycle. Ferraille, bois, vêtements, qui ne peuvent être vendus en magasin sont ensuite envoyés dans des entreprises spécialisées et revendus », souligne Yannick Pierlot. De quoi faire grossir le pécule de l’association.
Sans oublier que l’on peut être riche, détenir un château, et se fournir chez Emmaüs. « Nous avons des meubles anciens, des cadres et des objets anciens, alors nous avons une demande de la part de ces propriétaires. Mais ici, ce n’est pas une brocante, nous ne négocions pas les prix », rappellent les dirigeants.
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Quant aux dépôts des affaires ou aux déplacements d’Emmaüs pour les récupérer, leur rythme a retrouvé un cours normal. « Après le premier confinement, nous avons été submergés, nous avons dû vider une pièce pour tout mettre, d’autant plus que nous ne pouvions pas vendre car les sites ont dû fermer en raison du Covid. Mais depuis, tout est revenu à la normale. En hiver, nous avons toujours moins d’arrivages, ils reprennent au printemps, en avril », note Marc Popiélas. La belle saison s’avère toujours synonyme de renouveau, avec du vieux.
Marie-Hélène Degaugue
Un fonctionnement digne d’une entreprise
Emmaüs ne touche pas de subventions pour son fonctionnement afin de rester « autonome, de ne pas rendre des comptes », comme l’explique Marc Popièlas, hormis des subventions liées notamment au logement.
Actuellement, l‘antenne bragarde, située au 11, rue des Roises, à Bettancourt-la-Ferrée, compte 5 salariés, 12 compagnons et 25 bénévoles. Les compagnons sont hébergés en colocation dans trois logements, tandis que deux femmes sont installées dans une maison.
Chacun a un poste défini sur le site. Il y a la réserve où les affaires sont triées, réparées ou jetées à la benne pour recyclage. Des objets y sont aussi entreposés avant leur enlèvement par les acheteurs. L’électroménager y est vérifié, la vaisselle nettoyée.
L’établissement est constitué de trois salles présentant différents objets ; par exemple, vous pourrez y trouver des livres tout comme un piano, ou même des canapés. Les objets changent toutes les semaines, voire tous les jours.
Pour donner des affaires, il vous suffit d’amener les objets au magasin ou de contacter le personnel d’Emmaüs pour qu’il vienne les chercher directement chez vous. Si votre achat est trop gros, vous pouvez vous le faire livrer, mais les tarifs varient. Renseignements au 09 67 11 21 50.