CBD interdit : les vendeurs montent au front à Saint-Dizier
SOCIETE. Un décret paru en toute fin d’année interdit la vente de fleurs et feuilles de CBD, abréviation du terme cannabidiol. Pour les magasins spécialisés bragards, pas question de baisser les bras.
C’est un coup de massue pour les magasins spécialisés. Un décret du 30 décembre 2021 interdit la vente de fleurs et feuilles de CBD, dérivé du cannabis non psychotrope. Dans la pratique, certaines boutiques ont décidé de continuer à vendre fleurs et feuilles de cannabidiol, pour continuer à vivre et dénoncer un « non-sens ».
De 60 à 90 % du chiffre d’affaires
Pour les vendeurs de CBD, qui se décline aussi en liquide, pommades, voire spaghettis (!), la vente de fleurs et de feuilles représente entre 60 et 90 % de leur chiffre d’affaires. Alors que tous les pays européens autorisent sa vente, la France se positionne à contre-courant, avec un décret arrivé comme un chien dans un jeu de quilles. « Ils ont fait ça derrière notre dos, même le gérant de notre franchise nationale n’était pas au courant », peste Angéline Lanz, gérante de CBD’Eau, rue Gambetta.
L’Union des professionnels du CBD (UPCBD) s’est rapidement emparée de l’annonce, par la voix de son président, Charles Morel, qui appelle ses membres à se mobiliser. La première étape aura lieu le 14 janvier avec la plaidoirie du référé liberté devant le Conseil d’Etat pour demander la suspension de l’arrêté. « Nous préparons un recours au fond demandant l’annulation de l’arrêté, assorti d’un référé suspension, si nous n’obtenons pas gain de cause avec le référé liberté », précise-t-il. Une pétition citoyenne rassemblait vendredi plus de 30 000 signataires.
« On a toujours respecté la loi européenne »
Dans une conjoncture morose, il est difficilement concevable pour l’UPCBD de mettre des bâtons dans les roues à une économie, qui pèse un milliard de chiffre d’affaires pour 1800 points de vente en France. Sans compter les bureaux de tabac et boutiques de bien-être qui vendent aussi graines de CBD et autres tisanes de chanvre.
Cédric Droit, gérant de la boutique Et Bim !, rue des Moulins, est aussi remonté. D’autant qu’il a en co-gérance une seconde entreprise, Brin d’herbe, qui compte plusieurs magasins dans le Grand Est, avec une dizaine de salariés. « Si j’arrête de vendre des fleurs, je ferme. C’est beaucoup d’argent investi, beaucoup de travail. » Le gérant est d’autant plus amer qu’ « on a toujours montré patte blanche. On respecte la loi européenne, on est à 0,2 % de THC. Là, on a un gouvernement qui interdit un produit non psychotrope. Demain, ils interdiront le tilleul ? »
« Si j’arrête de vendre des fleurs, je ferme. C’est beaucoup d’argent investi, beaucoup de travail »
En attendant le 14 janvier, Angeline Lanz continuera aussi de vendre ses produits, d’autant qu’elle a reçu une importante quantité de marchandise juste avant la publication du décret. « Mon mari tient la boutique CBD’Eau de Chaumont. La fleur représente 90 % des ventes. Ici, c’est 70 %. Je ne compte pas les infusions à base de chanvre, également interdites. Nos deux boutiques, ce sont toutes nos économies. On a des charges, des loyers, une famille à nourrir ! »
N. F.