Saint-Dizier. « A Saint-Exupéry, qui fait la loi ? »
Les enseignants du lycée Saint-Exupéry étaient en grève, mardi 7 décembre, devant l’établissement. Ils dénoncent notamment une hausse accrue des violences verbales et réclament davantage des moyens humains et matériels.
« Problèmes concrets, réponses abstraites. » « Arrêtez de temporiser, il faut des mesures concrètes, efficaces. » « A Saint-Exupéry, qui fait la loi ? » Nombreuses étaient les affiches de ce genre placardées devant les grilles du lycée Saint-Exupéry de Saint-Dizier. C’est là que, mardi 7 décembre, des enseignants se sont mis en grève pour exprimer leur ras-le-bol. Une mobilisation suivie par un peu moins de 70 % de la centaine de professeurs que compte l’établissement.
Ras-le-bol généralisé
Dès 8 h du matin, les enseignants étaient présents pour sensibiliser sur leur action, échanger avec les parents et distribuer des tracts aux automobilistes passant devant le lycée. Objectif : sensibiliser sur la banalisation des violences dont ils sont victimes.
Pour cette enseignante aux 20 ans de métier, qui préfère garder l’anonymat par peur des représailles, ces problèmes de violence vont crescendo. Le sexisme auquel sont confrontées les élèves à travers des insultes comme « sa**pe », « je t’e****e », ou leurs fesses filmées à leur insu, se fait également sentir chez les enseignantes. « Il y a un sentiment de mal-être, même de peur qui s’installe chez certains. » Celle qui a fait sa 7e rentrée à Saint-Exupéry cette année, prend un cas concret qui l’a marqué : « Au cours d’un sujet, un jeune disait que sa femme n’aurait pas le permis, car elle n’en n’aurait pas besoin pour rester à la maison ».
Des phrases comme « Sur le coran, je t’e***le ! » ont déjà entendues. De même que des projectiles balancés.
Minorité bruyante, majorité silencieuse
Une autre professeure, ancienne infirmière reconvertie dans l’enseignement et présente à Saint-Ex’ depuis 6 ans, déplore cette indiscipline croissante. « Nous voulons proposer un enseignement de qualité aux jeunes. Mais comment voulez-vous quand on passe déjà 15 mn de notre cours à faire la police ? » Un constat dressé aussi bien au lycée général que technologique. De ce fait, l’image de l’établissement véhiculée en extérieur n’est pas terrible : « Cela devient très difficile de trouver un stage quand on dit que l’on vient de Saint-Exupéry. »
Malgré tout, la motivation est toujours là. La majorité des jeunes étant sérieux, en témoigne les chocolats distribués par une lycéenne mardi matin. « On aime notre métier et notre établissement, c’est pour ça qu’on tient à alerter et qu’on aimerait plus de moyens humains et matériels », poursuit un professeur de 50 ans. « L’image du prof s’est dégradée dans la société, et il y a une impunité généralisée. Aujourd’hui, on renvoie des jeunes pendant deux jours, et à leur retour, on les entend raconter presque fiers de dire qu’ils ont pu jouer à Fifa tranquillement… On ne peut pas continuer comme ça. »
Une partie des enseignants a pris la route de Chaumont dans l’après-midi. Ils devaient être reçus par le Dasen.