La rue ou l’hémicycle – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ça se jouera dans la rue. Dixit l’Insoumis Manuel Bompard. Ou dans l’hémicycle. Dixit le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Selon que l’on soit contre ou pour, deux approches s’affrontent. Irréconciliables. Les uns exigent le retrait pur et simple. Les autres ne jurent que par un savant effort de pédagogie, jusqu’à rabâcher le discours. Syndicats et partis d’opposition – pas tous – d’un côté. Gouvernement de l’autre. Et au milieu, des Français complètement perdus.
Les premiers se verraient bien bloquer le pays pour obliger Emmanuel Macron, sinon à rayer du programme la réforme des retraites, au moins à l’inscrire, plus tard, bien plus tard, à l’agenda politique. Remodelée bien sûr. Largement. Les seconds, eux, comptent sur le débat parlementaire et promettent de tenir compte des propositions qui en émergeront. Mais de toute façon brandissent la menace d’un 49.3 qui prendrait alors le nom de 47.1. Pour résumer, permettrait de s’affranchir du vote des députés pour imposer la réforme.
Autant dire qu’on entre désormais dans une sorte de guerre d’usure dont personne ne sortira gagnant, si l’entêtement vient répondre à l’entêtement. Chacun étant sûr de son fait, cette réforme va peut-être rapidement se transformer en énorme caillou dans la chaussure du président de la République. Pas tant parce qu’elle ne serait pas nécessaire, mais plus sûrement parce qu’elle arrive à un très mauvais moment. Un peu comme la fameuse goutte d’eau…
Au-delà de ses modalités, que chacun s’évertuera à démonter ou au contraire à défendre, ou encore de la manière dont elle a été discutée avec les partenaires sociaux, c’est surtout en plein cœur de la crise – une “multi-crise” quasiment – qu’elle vient s’inscrire. Ah, vivement la….. Non, rien…