Rotterdam-Langres : 1 000 km d’eurovéloroute contre la sclérose en plaques

Cindy et Éric se préparent à rejoindre Langres depuis Rotterdam, en empruntant l’eurovéloroute 19. À la force des mollets, le duo veut rappeler qu’une vie est possible en souffrant de sclérose en plaques, pathologie aujourd’hui incurable .

 « L’annonce du diagnostic de SEP fait l’effet d’un coup de massue ». À 40 ans, Cindy se souvient précisément de la force de l’étourdissement qui l’a prise quand on lui a appris qu’elle était atteinte de SEP (sclérose en plaques). C’était il y a 13 ans, mais le souvenir paraît dater d’hier. Alors, oui, quand « une poussée » se manifeste (terme qui désigne les phases de progression de cette maladie auto-immune), une fatigue incomparable avec celle qu’on évoque au quotidien aplatit littéralement la jeune Langroise, qui vient d’emménager à Chalindrey. À chaque accès, elle ignore si cet anéantissement-là est le signe d’une accélération de l’évolution de la SEP, qui peut très mal tourner – avec la perte de l’usage de ses jambes notamment. Le sport est particulièrement utile pour la dompter. Cindy en fait régulièrement, avec son « ami de vélo » Éric Prodhon, natif de Saint-Ciergues qui vit désormais à Chalancey, où il accueille des hôtes dans une yourte à laquelle cet artiste-peintre a accolé une galerie. Les kilomètres déroulés ensemble creusent un chemin solidaire qui se passe de mots compassés.  

« Redonner espoir aux malades »

« Après le coup de massue du diagnostic, il faut garder espoir ». Cindy veut que les nouveaux diagnostiqués sachent qu’ « on peut toujours faire des choses ». La demoiselle a conscience que la maladie frappe donc trop fort parfois pour que le quotidien continue de couler plus ou moins paisiblement.  « Ces malades vont pouvoir voyager avec nous ». Le binôme a en effet entrepris de tenir un carnet de voyage sur Facebook pour emmener tous ceux qui veulent les suivre dans leur raid à vélo depuis Rotterdam jusqu’à Langres. Il entend non seulement apaiser l’anxiété des malades, mais aussi faire connaître leur pathologie mais aussi récolter des dons pour participer à aider à la découverte d’un traitement. Leur intégralité ira à l’ARSEP (fondation pour l’aide à la recherche sur la sclérose en plaques). Une cagnotte est déjà en ligne – le montant qu’on souhaite donner est libre.

« Une topette d’eau de Rotterdam dans la Meuse »

« Notre raid va durer 15 jours, à raison d’environ 70 km quotidiens ». Parole au connaisseur Éric, qui compte dplusieurs raids au compteur, à un rythme autrement soutenu : « parfois 600 km avalés dans la semaine ». Il va auparavant emmener Cindy réaliser un ballon d’essai : trajet du Lac du Der (dont le duo aura fait au préalable le tour) jusqu’à Langres. Éric joue collectif, sans se forcer. « On a la même cadence, c’est idéal ». Avec Cindy, ils pédaleront « plutôt le matin » pour s’y remettre en fin d’après-midi après « une grosse pause ». Deux sacoches et un sac à dos chacun, et hop, alignement sur la ligne de départ à Rotterdam dimanche 17 septembre. « À 15km/h de moyenne ». Éric rappelle au passage que leur carnet de voyage vantera le Pays de Langres, « relié à l’eurovéloroute 19 au niveau des sources de la Meuse, on s’en souvient trop peu ». Au retour, il y « versera une topette d’eau puisée à Rotterdam ». Là encore, le symbole se passe de discours.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr