Roland-Garros : il faut secouer le cocotier chez les Bleus
Après une édition 2022 de Roland-Garros où aucun Français n’est parvenu en deuxième semaine, comme l’an dernier, Nicolas Escudé, Directeur technique national, et Paul-Henri Mathieu, directeur du haut niveau, expliquent les carences françaises et les leviers pour rattraper le retard sur certains pays.
Si les Français étaient cinq au troisième tour, ils ne sont plus aucun depuis les éliminations, samedi, de Léolia Jeanjean, une belle surprise, Gilles Simon, qui a tiré sa révérence, Alizé Cornet et Hugo Gaston. Le constat est le même depuis plusieurs saisons, avec des Français nombreux, chez les hommes dans le “Top 100” (neuf joueurs), mais il n’y a personne dans le “Top 20”.
Chez les filles, elles ne sont que cinq dans le “Top 100” et douze dans les 200 premières mondiales. « On a vu de belles choses sur cette première semaine, chez les garçons ou les filles. On a vu une renaissance de Gilles Simon pour son dernier tournoi. Diane Parry, elle, émerge et commence à prendre la mesure du haut niveau. On est forcément déçus de ne pas avoir de Français en deuxième semaine. Mais quand on suit le circuit et nos résultats depuis le début de l’année, on voit que c’est compliqué. Une génération est en train de tourner la page, avec Jo (Tsonga) et Gilles (Simon). La génération d’en-dessous marque un petit peu le pas, avec Lucas Pouille qui a été dans le “Top 10”, la progression d’Ugo Humbert. Ils sont dans le dur », résume le DTN, Nicolas Escudé, nommé depuis l’an passé, sous la présidence Moretton.
Les derniers quarts de finaliste à Paris sont Richard Gasquet en 2016 et Caroline Garcia et Kristina Mladenovic, en 2017, porte d’Auteuil.
« Pas de phénomène, comme Alcaraz »
« On sait très bien à la DTN que l’on sera attendu sur la matière que l’on a entre les mains, ce que l’on maîtrise et les jeunes. On n’a pas de “phénomène”, comme Alcaraz ou Rune. Nous avons de bons joueurs. A nous de leur laisser un petit peu plus de temps et de faire en sorte que cela avance plus vite », poursuit le DTN, qui veut endiguer le creux.
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Malgré quatre juniors garçons dans le “dernier carré” ici, l’an passé. « Tout le monde doit prendre la tâche de l’ampleur, du DTN à l’enseignant de club, en passant par les techniciens, les élus, à tous les étages. Comprendre pourquoi on en est là aujourd’hui, ce qu’on a identifié, avec des pistes de réflexion pour faire évoluer le système. Sur la base de la pyramide de formation, on est dans le vrai, avec les équipes techniques régionales, dans les Ligues, avec Poitiers, où l’on réactive la filière féminine, qui va devenir un pôle mixte, être beaucoup plus sur le terrain. »
Ces dix ou quinze dernières années, la France a été gâtée, avec des leaders (Mauresmo, Bartoli, Tsonga, Monfils, …). Il n’y en a plus sur le circuit avec les anciens qui partent progressivement et les jeunes qui tardent à confirmer.
« C’est difficile de tout révolutionner en quatre ans »
A la Fédération, on n’élude pas les problèmes. « Certains pays ont mis des choses en place, comme l’Italie. Il y a un aspect générationnel. On s’est trompé sur certaines politiques sportives. C’est difficile en quatre ans de tout révolutionner. Il faut de la continuité, de la stabilité. Et ce n’est pas ce qu’on a eu sur les quinze dernières années. Il faut secouer le cocotier. Remobiliser, redynamiser, passer des coups de balai. Des enseignants aux coaches dans l’élite. On met un cadre, des objectifs, et chercher à progresser tous les jours. Cela peut être en groupe, en individuel. Nous avons remobilisé les équipes techniques régionales quand on est allé sur nos territoires. Leur rôle est de détecter. Notamment chez les filles. Si on prend du retard dès le départ, c’est impossible. Le socle premier est densifié. Après, on ne fait pas rentrer n’importe qui en Pôle national. On n’arrive pas au plus haut tout seul. Regroupons nos meilleurs joueurs ensemble. »
Sur Léolia Jeanjean, la Fédération s’est rapprochée d’elle après ses performances parisiennes. « On est en lien avec toutes les structures et tous les profils. On échange, on comprend, on propose de la faire venir sur des semaines d’entraînement. Les joueurs doivent prendre la mesure. On peut mettre Toni Nadal ou Vajda sur un joueur qui ne sait pas trop, cela ne va rien donner. On ne fait pas du social, juste pour aider. Avec nos moyens. Il faut de la performance », poursuit le DTN.
« Les jeunes doivent s’approprier le projet. Nous étions passionnés. Aujourd’hui, on a l’impression que parfois, les encadrants ont plus envie que les joueurs. C’est la clé de la réussite », enchaîne Paul-Henri Mathieu. « C’est facile en France. Je pense aux invitations et aux prix du premier tour. On peut aisément vivre du tennis sans avoir des objectifs extraordinaires. Il ne faut pas juste attendre un mois et demi avant Roland pour apparaître dans les radars. La “wild card”, tout le monde pense que c’est acquis. C’est plus compliqué. Nous voulons aider les jeunes et c’était dur de dire non à Gilles Simon ou Jo-Wilfried Tsonga. Nos jeunes bénéficient d’invitations partout. Et ils n’ont rien fait ‘’péter’’. Il reste du travail », conclut Nicolas Escudé.
Il va falloir encore patienter pour succéder à Yannick Noah, vainqueur en 1983, et Mary Pierce, en 2000. Une éternité.
Nicolas Chapon
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