Roland-Garros : pas de répit pour les cordes !
Le service raquette et cordage officiel de Roland-Garros – qui se situe durant les travaux au niveau du musée – est géré depuis 2011 par la firme française Babolat, qui équipe 200 joueurs dont Rafael Nadal, vainqueur dix fois Porte d’Auteuil et qui joue cette année avec la Pure Aero Decima. Durant toute la durée du tournoi, 5 000 raquettes sont cordées avec le plus grand soin par 17 cordeurs de douze nationalités différentes (Japon, Italie, Grèce, …). Près de 90 % des joueurs et joueuses inscrits passent par ce service qui bichonne les outils des professionnels. «Préparer une raquette est un travail minutieux et précis qui s’opère en plusieurs étapes : prise de commande à l’accueil, découpage de l’ancien cordage et nettoyage de la raquette, cordage durant environ 20 minutes, emballage sous sachet plastique et mise à disposition du joueur», explique Lucien Nogues, un fidèle de la marque depuis plus de 35 ans. «Les joueurs, qui viennent avec leurs cordages, ont des demandes très précises : cordage en deux ou quatre nœuds, la tension dans les montants, les travers, le type de cordage. Nous enregistrons toutes ces informations pour toutes les raquettes, tous les cordages. Babolat a inventé ce service de cordage dans les années 80», explique encore Lucien.
«Des exigences très précises»
Quand il y a une urgence, tout est mis en œuvre pour le joueur ait sa raquette cordée au plus vite, sur une machine hyper sophistiquée. «S’ils n’ont plus que la corde à poser, ce n’est pas si facile pour les cordeurs car tendre par exemple à 25 kg une corde doit être uniforme. Nous avons des outils pour vérifier la tension. Ce sont des pros qui ont souvent des magasins spécialisés et qui travaillent entre 9 et 14 h par jour.» Pour information, Daniel Nestor, qui joue en double, tend à6 kg quand l’Allemande Dustin Brown tend à 37 kg. «Un joueur touche la balle pendant quatre millièmes de seconde. Le matériel doit donc être le plus efficace possible. En fonction des conditions météo, ils tendent en général un petit peu moins pour que la balle voyage plus longtemps», poursuit Lucien, intarissable sur la question. Babolat possède sa recherche et développement à Lyon et les raquettes sont fabriquées en Chine, à plus ou moins sept grammes. «Les champions ont des exigences très précises. C’est au gramme et au millimètre près, avec des ajustements de plomb et de silicone en tête ou en manche». L’Argentin Delbonis a une raquette cordée de 365 grammes. Pour Nadal, qui tend à 25 kg et utilise un cordage RPM 135, son outil pèse 317 gr. «C’est assez lambda comme spécifications, mais ce joueur imprime plus de 3 000 tours par minutes à la balle. La raquette de Sampras pesait 420 gr, celle de Federer, 360, avec un équilibre en manche. Comme Nadal, il cherche la maniabilité dans un compromis entre puissance, contrôle et maniabilité. Près de la moitié des joueurs choisit l’hybride, avec des cordages différents entre montants et travers», conclut Lucien Nogues, un vrai passionné par son métier qui est aussi sa passion.
La famille Babolat, en 1875, un empire au chiffre d’affaires de 136 millions d’euros en 2016-2017, et 341 salariés, dont 80 % à Lyon, utilisait au départ des cordes de violoncelle. Nul doute que les joueurs adorent le bruit de la balle au contact de leur outil.
Nicolas Chapon