Robert Cousin, un préfet de la Haute-Marne de 34 ans, déporté-résistant
Quand il est arrivé à Chaumont, il y a 80 ans, Robert Cousin n’était âgé que de 34 printemps. Il était alors le plus jeune préfet de la Haute-Marne après Emile Ollivier (futur “Premier ministre” de Napoléon III), qui lui avait été nommé en 1848… à l’âge de 23 ans !
Né le 27 février 1907 à Blainville-Crévon (Seine-Maritime), Robert Cousin entre dans la préfectorale en 1934, après avoir obtenu une licence de droit à la faculté de Caen. Sous-préfet de Briançon (Hautes-Alpes), secrétaire général de la préfecture de Savoie, sous-préfet de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), il arrive en Bretagne en août 1938, comme secrétaire général de la préfecture des Côtes-du-Nord (aujourd’hui Côtes-d’Armor).
Nommé dans le Morbihan où il arrive le 30 octobre 1940, Robert Cousin exerce même les fonctions de préfet par intérim de ce département. Le 17 novembre 1941, le quotidien L’Ouest-Eclair annonce son départ pour la Haute-Marne en qualité de préfet, laissant le souvenir d’un « administrateur avisé, un homme aimable et courtois ».
Dénoncé à la police allemande
Arrivé en Haute-Marne le 6 décembre 1941, Robert Cousin est surtout un patriote. Succédant à Jacques-Félix Bussière (qui sera déporté et mourra à Neuengamme), le Normand va faciliter le travail des résistants, au point que le collaborateur chaumontais Pierre Claudé (blessé en Russie comme officier de la Légion des volontaires français contre le bolchévisme) le dénoncera auprès de la police allemande.
Dans ses souvenirs, le résistant Paul Carteron (« Max ») précisera que le préfet Cousin, qui travaillait également contre l’occupant avec le commissaire de police Armand Charrié, « nous fait passer essence et bons de toutes sortes, jusqu’aux véhicules de la préfecture servant à ravitailler le camp » de Lamarche (Vosges), début 1943.
Déporté à Flossenburg
C’est en août 1943 qu’après moins de deux ans de séjour à Chaumont, Robert Cousin est nommé dans la Drôme, haut-lieu de la Résistance s’il en est. Arrêté par les Allemands à Valence en 1944, il sera déporté à Flossenburg, d’où il reviendra, malade, en mai 1945.
Après guerre, sa carrière sera marquée par de nouveaux postes préfectoraux (notamment dans le Gers, dans le Lot-et-Garonne, à Marseille) et des fonctions dans les ministères. Grand-croix de la Légion d’honneur, homologué sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur, Robert Cousin est décédé le 8 février 1988 à La Colle-sur-Loup (Alpes-Maritimes), à l’âge de 81 ans.