Rhône : des semences adaptées au changement climatique
Au centre de ressources de botanique appliquée, domaine Melchior Philibert à Charly dans le Rhône, on collecte, conserve et expérimente toutes les espèces et variétés de fruits, légumes et céréales possibles, locales comme du bout du monde. L’enjeu : répondre aux enjeux de biodiversité et de changement climatique.
Par Emilie Charrel, Le Progrès
Les chiffres font peur. Autant que les rapports du Giec… Sur les 6000 plantes historiquement cultivées, en 2019 l’humanité n’en utilisait plus que 200 pour sa production alimentaire mondiale. Et tel un entonnoir qui ne cesse de s’affiner, parmi ces 200, seules neuf (canne à sucre, maïs, riz, blé, pommes de terre, soja, palmier à huile, betterave à sucre et manioc) en représentent 66% (1). Voilà le décor planté. Voilà aussi comment la notion de biodiversité prend tout son sens et sa nécessité.
Pour des semences variées et adaptées
Ici et là, des poches de résistance à cette uniformisation mortifère des semences se sont formées. À Charly, domaine Melchior Philibert, il y en a une : le Centre de ressources de botanique appliquée (CRBA) créé en 2008. « Il y a 20 ans, Stéphane Crozat a mené avec le CNRS une étude sur l’horticulture et les jardins à Lyon. Des milliers de variétés de fleurs, fruits, légumes ont été créées dans le secteur. C’était la deuxième ressource économique de Lyon au XIXe siècle », résume Sabrina Novak, directrice adjointe du CRBA.
L’idée du centre naît. Depuis, la collection s’est agrandie, 4 000 espèces et variétés sont conservées, répertoriées. En 2014, un partenariat est noué avec l’institut Vavilov de Saint-Pétersbourg. Sa banque de semences est le quatrième fonds mondial, et le plus ancien. Une station, la seule en dehors de la Russie, est ouverte à Charly.
Aujourd’hui, le CRBA déploie tout son savoir-faire. Des expéditions ethnobotaniques sont menées à travers le monde, « on va dans les pays aux amplitudes thermiques fortes, pour trouver des variétés locales robustes comme au Daghestan, en Arménie », détaille Sabrina Novak.
La station Vavilov et la ferme Melchior permettent d’expérimenter les différentes espèces et variétés, de mesurer leur résistance à la sécheresse, au gel, à la grêle, aux fortes chaleurs, le tout sans apport chimique. De mesurer, aussi, leurs qualités nutritionnelles.
Et, parce que l’urgence est déjà là, le CRBA, accompagné de la Métropole de Lyon et de mécènes, a ajouté un étage à sa fusée. Une ferme semencière pour fournir les agriculteurs de la métropole et des environs en semences adaptées aux nouvelles conditions climatiques du territoire, sans besoin de les doper chimiquement, et aux bonnes qualités nutritionnelles. Un profil, somme toute, assez logique non ?
(1) Source : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
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