Revenir à l’essentiel – L’édito de Christophe Bonnefoy
Eric Drouet peut toujours hurler au scandale. Dénoncer une « police politique » qui chercherait à le réduire au silence. Les oppositions à Emmanuel Macron ne s’étaient d’ailleurs pas gênées lors de son interpellation sur les Champs-Elysées. Mais cette figure emblématique d’une partie des Gilets jaunes, une fois posée – pour la forme – en victime du pouvoir, comprendra vite quels bénéfices elle peut tirer de la situation.
Il n’est en effet plus certain que la majorité des Gilets jaunes voit en lui un leader incontesté. Au contraire même, on n’entend pas chez Eric Drouet un défenseur absolu de la discussion et de la négociation. Plutôt un habitué des propos outranciers, passé maître dans l’art de la provocation et du “borderline”, comme on dit maintenant. Lui qui avait appelé à rentrer à l’Elysée. Lui qui avait déjà été interpellé le 22 décembre muni de ce qui pouvait servir de matraque. Lui qui s’était filmé lors d’un échange qui n’avait plus grand-chose à voir avec la problématique du pouvoir d’achat… a finalement tout à gagner à voir oublier certaines de ses paroles.
Reste qu’à l’heure où le gouvernement aurait tout intérêt à jouer la carte de l’apaisement, cette interpellation risque d’avoir l’effet inverse. Elle sera forcément utilisée par les manifestants – et quel que soit celui qu’elle a visé – comme une volonté du président de la République de museler leur mouvement. Pas forcément de bon augure, à quelques jours d’une concertation qui aurait pourtant besoin de se tenir dans le calme et la sérénité, sans être polluée par ce qui ne serait pas essentiel.