Retour à l’anormal – L’édito de Patrice Chabanet
La disparition d’Elizabeth II nous a masqué pendant quelques jours le drame ukrainien. Maintenant retour à la normale si l’on ose dire : la guerre n’a rien de normal. Passée cette parenthèse royale on s’est vite aperçu que les combats se poursuivaient avec une vigueur accrue. On a pu observer que les troupes russes avaient cédé du terrain dans la région de Karkhiv. Propagande et mauvaise foi obligent, le Kremlin a concédé que ses troupes se redéployaient sur d’autres fronts. Dans la littérature militaire on aurait dit qu’elles opéraient « un repli stratégique sur des positions préparées à l’avance ». Un maquillage rhétorique pour masquer un revers.
Une fois de plus il serait présomptueux d’y voir le signe avant-coureur d’une défaite de la Russie. Le mystère Poutine reste entier. L’occupation de la centrale de Zaporijjia laisse ouvertes toutes les hypothèses, y compris celles du pire. Une incertitude qui pèse lourd sur nos économies. En France, comme chez ses alliés, parler de la guerre en Ukraine et de ses répercussions, c’est de plus en plus faire entrer dans nos têtes des mots que l’on croyait fossilisés depuis 1945 : rationnement de certains produits, coupures de courant, embargo etc. Sans parler des profiteurs qui n’ont pas mis longtemps pour s’enrichir en jouant à fond la carte de l’aubaine. Le gouvernement s’est engagé à sévir. On demande à voir. Tant que le conflit ukrainien rongera notre continent, on aura toutes les raisons d’être sceptique.