Retouches – L’édito de Patrice Chabanet
Le gouvernement n’a pas tardé à modifier la carte de la pandémie en France. Des retouches d’autant plus nécessaires que certains départements s’étaient retrouvés dans le rouge en toute invraisemblance. C’était, entre autres, le cas du Lot noyé au milieu de départements verts. Les explications de ces erreurs manifestes, on les connaît : mauvaises interprétations des statistiques venues du terrain. Mais alors pourquoi avoir diffusé des cartes faussées le premier jour de leur publication au lieu d’attendre une journée de plus? La peur d’un procès pour amateurisme ? Il existera de toute façon, ce qui pousse l’exécutif à ramer.
Cette affaire, comme celle des masques, démontre une nouvelle fois qu’il y a décalage entre la décision et l’exécution. En cause les défaillances du millefeuille administratif. En l’occurrence aucune strate intermédiaire n’a pu ou su corriger l’erreur initiale. En terme d’image, c’est l’échelon gouvernemental qui doit répondre des erreurs du terrain. Après la fin de la pandémie, il serait plus que souhaitable que le rôle et les missions des ARS (Agence Régionale de Santé) soient revus de fond en comble. Dans un premier temps, elles pourraient s’inspirer des crash-tests des banques pour éviter d’être surprises par des événements comme le Covid-19. Ou pour savoir communiquer à bon escient. On se souvient des déclarations du directeur de l’ARS du Grand Est expliquant, en pleine crise, que l’avenir du système de santé passait toujours par la fermeture de lits et d’hôpitaux. Certes, il a été évincé, mais il n’est cetainement pas le seul à privilégier l’approche comptable au défi sanitaire.
L’opinion publique française qui a peur, selon tous les sondages, reste hyper sensible aux informations qui lui sont fournies. Une erreur de couleur ou une déclaration intempestive créent la méfiance et la défiance. On comprend que la spécificité du coronavirus et sa complexité dans son mode d’expression n’aident pas à communiquer. Raison de plus pour resserrer les mailles du filet des informations diffusables.