Rester vigilants – L’édito de Christophe Bonnefoy
Aucun harcèlement n’est acceptable. Qu’il vise une gent féminine dont la parole, heureusement, s’est libérée depuis l’affaire Weinstein ou des salariés au sein-même de l’entreprise, il doit être puni. Suffisamment pour, enfin, dissuader ceux qui seraient tentés de le faire entrer dans la normalité.
Une banalisation qui, pourtant, est déjà, d’une certaine manière, une réalité lorsque le harcèlement touche le milieu scolaire. Non parce qu’on préfère fermer les yeux, mais parce qu’il est extrêmement difficile à identifier. En premier lieu, en raison de l’enfermement des victimes, qui n’osent pas parler. Même à leurs parents. Et quand bien même elles franchiraient le pas, elles n’ont pas toujours clairement conscience des actes qui les visent. Comment traduire une moquerie par le mot “harcèlement” ? Comment inverser cette mécanique qui pousse les victimes à se penser coupables de quelque chose alors que ce sont les harceleurs qui sont à condamner ? A ces violences sur le terrain s’ajoutent en outre celles, virtuelles et tout aussi destructrices, par écran interposé. Car le harcèlement ne se traduit pas que par des bousculades, des mots lancés au détour d’un couloir ou du racket à la sortie des cours, mais également par des menaces ou des chantages via Facebook, Twitter ou Instagram. On sait, malheureusement, quelle peut être l’issue pour certains jeunes, par définition fragiles, en pleine construction.
La journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, hier, n’est pas anecdotique. Selon l’Education nationale, le phénomène toucherait environ 700 000 élèves en France. Un chiffre effarant, qui doit pousser chacun à réagir au moindre signe inquiétant : corps enseignant, parents et, bien sûr, les autres élèves. On serait presque tenté de dire qu’il vaut mieux s’alarmer pour rien, que s’inquiéter lorsqu’il est parfois trop tard.