Restauration : un secteur mis à mal
Les métiers de l’hôtellerie et de la restauration peine à recruter. Entre les futurs départs à la retraite et les reconversions, cette situation risque bien de devenir critique pour les établissements chaumontais. Face à ce problème, Pôle Emploi tente de trouver des solutions, non miraculeuses.
Si on prend un secteur géographique de 10 km aux alentours de Chaumont, il existe 36 offres d’emplois en hôtellerie/restauration sur le site de Pôle Emploi. Un chiffre qu’il faut encore amplifier car beaucoup d’établissements postent leur annonce par d’autres biais comme les réseaux sociaux. La plupart d’entre eux cherche à recruter depuis bien longtemps mais ne trouve pas les salariés adéquats.
Cette situation n’est pas nouvelle mais s’enlise et, s’il elle dure encore, elle risque de finir par poser problème, avec les différents départs en retraite et reconversions. La profession peut souffrir du fait du manque de renouvellement d’effectifs. Déjà, plusieurs établissements ont dû renoncer à ouvrir certains jours de la semaine, par manque de personnels. Bien consciente de ce souci majeur, l’agence Pôle Emploi de Chaumont tente d’aider au mieux la profession. « Il y a de vrais besoins alors on a décidé d’essayer de faire gagner du temps aux employeurs en leur organisant un job dating », explique Emmanuel Jacob, directeur de Pôle Emploi.
Importance de l’immersion en restauration
Le but n’était pas de faire des miracles mais de faire gagner du temps aux établissements de restauration concernés en leur faisant rencontrer plusieurs postulants le même jour. » C’est un vrai gain de temps car on a pu voir plusieurs personnes, motivées. Elles ont l’air bien », expliquent par exemple Osman Cimen et Audrey André, gérant du Kebab Light. S’ils étaient présents, c’était surtout pour trouver un aide-cuisinier pour leur nouveau restaurant, le Capri, qui ouvrira début mai. Ils vont également utiliser un deuxième outil, mis à disposition par Pôle Emploi, l’immersion. Pendant une semaine, ils vont voir si la personne recrutée peut faire l’affaire et si elle peut travailler en bonne entente avec le cuisinier.
Le restaurant Del Arte est un peu moins satisfait de cet après-midi. Éric Guiot, le gérant, a rencontré du monde, certes, mais tous veulent travailler en cuisine alors que l’entreprise n’a des besoins qu’au service. « On a tout de même gardé un CV, si jamais des besoins se créaient. Quelqu’un qui a l’air bien ! » Le restaurant rapide McDonald’s a lui embauché directement deux personnes qui ont commencé dès le lendemain de ce job dating.
Du côté des candidats, une trentaine ce jour-là sélectionnée par Pôle Emploi pour l’hôtellerie/restauration, la difficulté existe également. Nathalie cherche un CDI et se dit épuisé de passer de CDD en CDD, dans la restauration. « C’est épuisant de toujours tout recommencer à zéro ! », lance-t-elle. Samia Grange et Taili Guenard cherchent plutôt un poste en cuisine et ont apprécié cette démarche leur permettant, à elles aussi, de gagner du temps.
Quant à Emmanuel Jacob et son équipe, ils essaient de faire comprendre aux employeurs qu’ils se doivent aussi d’être attractifs. « Il faut qu’ils sachent se valoriser pour retenir les candidats. S’ils ne les prennent pas, ils trouveront ailleurs. » Premier reproche en ce job dating. Plusieurs entreprises ne sont pas venues. « Ils ont du mal à recruter mais, quand on leur propose une opération de ce genre, ils ne se déplacent pas. »
Laura Spaeter
l.spaeter@jhm.fr