Ressenti, quand tu nous tiens
Qu’y a-t-il de commun entre le dossier de la retraite et celui de l’inflation ? C’est leur ressenti, palpable, à tous les étages de la société. Chacun peut en mesurer l’impact. Les consommateurs constatent chaque jour, en temps réel, dirait-on, l’envolée des prix à la pompe à essence, au supermarché et dans les services. Nombreux sont les Français qui comptent et recomptent. Comme dirait Coluche, la fin de mois apparaît pratiquement dès les premiers jours dans les budgets des particuliers.
La retraite n’échappe pas à la même problématique. Un report de l’âge est mal vécu. Il détraque un compte à rebours que beaucoup suivent mois par mois, semaine après semaine. Le modifier, même un tant soit peu, bouleverse des projets personnels, comme si le rêve tardait à devenir réalité. Une taxe sur le temps libre.
On est loin de la loi des grands équilibres macroéconomiques (endettements publics et déficit extérieur entre autres), mais très près des préoccupations du citoyen-électeur. Le gouvernement se trouve de fait tiraillé entre les exigences d’une saine gestion et l’obligation d’anticiper d’une part et la fronde d’une grande partie de la population d’autre part. Il est un peu facile de dire, comme on l’entend souvent, que c’est un problème de communication.
Chacun voit midi à sa porte. La retraitée qui ne vit qu’avec 700 ou 800 euros par mois a des attentes toutes simples : vivre décemment. Elle se méfie du discours politique. Pour le gouvernement, sa réussite ne viendra pas avec le ralliement d’une partie de la droite, mais avec des réponses concrètes, sonnantes et trébuchantes. Un accord à l’arrache ne ferait que produire une contestation rampante qui pourrait s’alimenter d’autres contestations.
Patrice Chabanet