Réserve intégrale : ce qui sera autorisé ou non
Le parc national de forêts lance une série de réunions publiques pour expliquer aux habitants comment seront gérés demain les plus de 3000 hectares de la réserve intégrale. Le premier rendez-vous a eu lieu jeudi 20 janvier à Cour-l’Evêque.
Quatre communes sont concernées par la réserve intégrale du parc national créée officiellement le 11 décembre. Il s’agit de Cour-l’Evêque, Châteauvillain, Arc-en-Barrois et Richebourg.
Les forêts domaniales situées sur leur territoire forment les plus de 3000 hectares de cette réserve intégrale qui s’avère être la plus vaste de France. Et c’est donc dans ces quatre communes que le Parc national organise des réunions publiques afin d’expliquer ce qui va se passer dans ces forêts demain.
La toute première réunion a eu lieu ce jeudi 20 janvier à Cour-l’Evêque en présence d’une trentaine d’habitants du secteur venus poser des questions, demander des explications et exprimer parfois des craintes. Côté Parc national, le président, Nicolas Schmit, le directeur Philippe Puydarrieux et son adjointe, Véronique Genevey sont venus rappeler ce qu’est une réserve intégrale avant d’entrer davantage dans les détails de son mode de gestion. Les agents de l’ONF étaient aussi présents pour répondre aux questions.
Un laboratoire pour les scientifiques
Mais ce que les habitants du secteur veulent savoir, et ce sera bien sûr valable pour tout le monde, c’est ce que l’on aura le droit de faire ou de ne pas faire dans cette réserve intégrale. Par principe, c’est une aire protégée laissée en libre évolution, « un laboratoire pour les scientifiques », a précisé Philippe Puydarrieux où l’on va mesurer sur une très longue durée l’évolution de la forêt dans un contexte de changement climatique. Où l’on va mesurer aussi l’évolution des relations entre la forêt et les grands ongulés présents en nombre.
Est-ce que le futur mode de gestion de cette réserve intégrale s’apparente à une mise sous cloche de ce vaste espace ? A la fois oui et non.
Les circulations autorisées seront limitées (lire en encadré) mais l’intervention humaine sera nécessaire sur la partie régulation des ongulés.
Ce n’est plus de la chasse mais de la régulation
Le directeur du Parc a bien insisté sur le fait qu’on ne parle plus de chasse mais bien de régulation des sangliers, chevreuils et cerfs sous l’autorité du Parc national qui, avec l’appui du conseil scientifique, va en déterminer les modalités. « Nous allons discuter avec tous les acteurs, les chasseurs, les titulaires actuels des baux de chasse, la profession agricole et les associations de protection de la nature », a expliqué Philippe Puydarrieux. Dans la salle jeudi soir, nombre de questions ont tourné autour de ce thème comme cet exploitant agricole particulièrement inquiet quant aux dégâts de gibier dans les cultures ou encore ce chasseur voulant savoir « si on pourra aller récupérer du gibier blessé ou nos chiens dans la réserve ».
A l’heure actuelle, les populations de sangliers, cerfs et chevreuils sont « à des niveaux élevés » et « les dégâts agricoles sont en croissance », a détaillé le directeur du Parc pour qui « il y a donc nécessité de réguler » pour faire baisser les dégâts de gibier en dessous de 1 % de la surface agricole utile. La régulation par qui, comment et quand ? Ces questions ne sont pas encore tranchées. Le Parc national ne se dit pas opposé à « une gestion marchande » de cette régulation et évoque même une possibilité de gestion via une délégation de service public. Vu le calendrier annoncé, on sera fixé cet été.
Les prochaines réunions
-Arc-en-Barrois : lundi 24 janvier, de 18 h 30 à 20 h 30, salle des fêtes.
-Châteauvillain : jeudi 27 janvier, de 18 h 30 à 20 h 30, salle des fêtes de Créancey.
-Richebourg : lundi 31 janvier, de 18 h 30 à 20 h 30, salle des fêtes.
Vite lu
Ça va aller vite
La réserve est donc officiellement créée. Ce qui est en discussion, c’est son mode de gestion. Mais ça va aller vite pour l’établir.
Le conseil scientifique du Parc national va proposer un projet de plan de gestion en avril. Puis, l’avis du Conseil national de protection de la nature sera consulté sur ce projet qui sera débattu et validé par le conseil d’administration du Parc national début juillet. Dans la foulée, il sera opérationnel et commencera à être appliqué.
Autorisé ou interdit
-Voiture, moto, quad, cheval, vélo : la règle générale, c’est l’interdiction de stationnement et de circulation dans la totalité de la réserve intégrale. Un chemin rural propriété de la commune de Châteauvillain restera accessible aux cavaliers notamment pour le centre équestre de Châteauvillain. Il est à noter que les routes ou chemins bordant le périmètre de la réserve n’en font pas partie et restent donc accessibles.
-A pied ? Circulation autorisée uniquement sur les chemins ruraux et les routes forestières situés. Ce qui est interdit, c’est de rentrer dans les parcelles. Sur les chemins autorisés, les chiens devront être tenus en laisse.
-Il y aura des dérogations à la règle générale sur autorisation du directeur de Parc national dans le cadre de visites encadrées.
Pas de réintroduction de prédateurs
Philippe Puydarrieux a été clair sur le sujet. Il n’est pas question de réintroduire dans la réserve intégrale des prédateurs tels que le loup ou le lynx. Même s’il n’est pas exclu que la régulation du gibier copie les modalités de prédation notamment en prélevant les animaux les plus faibles.
En revanche, la présence géographique du loup est telle qu’il n’est pas exclu de retrouver un jour des individus dans la réserve intégrale.
Céline Clément