Réseaux asociaux – L’édito de Christophe Bonnefoy
On trouve de tout sur les réseaux sociaux. Ils sont un peu cet immense supermarché du sentiment humain, du plus louable au plus abject.
En l’occurrence,
ce qui est beau enrichit. L’esprit principalement. Ce qui est à vomir peut
conduire au lynchage ; et même à la mort. Que Marlène Schiappa ait tenu
hier à placer les responsables de Twitter, Facebook ou Snapchat face à leurs
responsabilités n’est pas anodin. Certes, il y eut jadis des terroristes. Sans
réseaux sociaux. Mais ces espaces de liberté et leur régulation plus
qu’aléatoire sont autant de portes laissées ouvertes à la possibilité de
basculer dans le pire.
Et le système est on ne peut plus pervers. Bien sûr, le parent d’élève qui a
utilisé le Net pour éructer contre Samuel Paty ne tenait aucun couteau en main.
Mais il a peut-être, a minima, donné un signal au terroriste. La mosquée de
Pantin, en relayant la vidéo du père, n’a pas officiellement déclenché l’attaque.
Mais d’une certaine manière, elle a offert au jeune Tchétchène une caution
morale au passage à l’acte. Ne parlons pas, en outre, de ces milliers
d’internautes, anonymes ou pas, d’ailleurs, qui ne font qu’alimenter cette
fausse certitude que tout est permis, que tout est envisageable, qu’on peut
impunément tout dire, jusqu’à glisser du virtuel au réel. Facile, derrière un
écran, de pousser au meurtre ou plus insidieusement encore, d’exacerber les haines.
Même apparemment dilués dans les méandres de la toile, les faits sont tout
aussi condamnables que dans la vraie vie. Certains ont tendance à l’oublier.
Alors bien évidemment, ces réseaux sociaux ne sont pas le terreau de l’islamisme radical. Mais ils en sont un vecteur de propagation. Et pas des moindres. Arriver à les contrôler n’est pas l’unique solution. Loin de là. Mais c’est sans doute une des nombreuses clés du problème. Et pas qu’en matière de terrorisme.