Reprise en main – L’édito de Patrice Chabanet
Le chef de l’Etat n’a pas le choix : il doit reprendre en main une situation qui lui échappe. Son silence est interprété comme une reculade sans gloire. Une aubaine pour les oppositions bien décidées, disons le mot, à avoir sa peau et celle d’Elisabeth Borne. Les méthodes politiques que tente d’imposer La France insoumise sont bien huilées : perturber systématiquement les débats à l’Assemblée et monopoliser la parole, avec l’ombre de Mélenchon. Ce dernier n’est pas présent officiellement, mais son homme de main, Manuel Bompard, promu au rang de « coordinateur » veille au grain.
Ce n’est donc pas de côté-là que le chef de l’Etat peut attendre l’esquisse d’une esquisse de solution. De là à enjamber la crise actuelle au motif que les oppositions ont mathématiquement perdu la partie, il y a un risque énorme que l’exécutif serait bien avisé de s’épargner. La contestation dans la rue et les entreprises est de plus en plus “chaude”. Le niveau de violence s’élève d’une soirée à l’autre. Emmanuel Macron ne peut plus laisser au bord de la route les syndicats qui ont su contenir – jusqu’à présent – les débordements. Il y a unanimité là-dessus. Mais on sent bien que la perte de contrôle n’est pas loin. Pourquoi se décarcasseraient-ils en fin de compte si, à l’arrivée, ils n’obtenaient que l’indifférence méprisante de l’Elysée ? Ils veulent rencontrer simplement le président de la République, sans forcer le portail de l’Elysée. Une doléance légitime quand notre pays est démangé par les démons de la fronde et de la révolte. Impossible d’ouvrir un nouveau chapitre sans régler le précédent.