Reportage. A Saint-Dizier, un projet au cœur de l’humain
Alex Meïer, président de l’association Maudiozarts, réalise des vidéos présentant des personnes aux profils différents. Un projet qui s’appelle “Nous sommes tous humains”. Jeudi 3 juin, c’était au tour de Benjamin, porteur de la trisomie 21, de passer devant la caméra.
Avec sa chemise aux motifs discrets, Benjamin s’était fait beau pour l’occasion, jeudi matin. Porteur de la trisomie 21, le jeune homme de 21 ans s’est présenté au casting proposé par l’artiste de Saint-Dizier (Haute-Marne) et son association Maudiozarts. L’idée du projet “Nous sommes tous humains” est de montrer des personnes aux profils différents au travers d’un film. Cette initiative fait partie du Contrat de Ville. Déjà huit personnes sont passées devant la caméra. « Le but est de mettre en avant la diversité humaine, construire un message d’humanité », continue le vidéaste de 30 ans.
Le Bragard accueille Benjamin dans une salle du centre socioculturel. Là, Alex Meïer a installé une grande toile noire et son matériel vidéo : une caméra et une lampe en anneau. Mais avant la captation vidéo, il s’assoit à une petite table et pose quelques questions à sa star du jour.
« Benjamin, il ne triche pas »
« Comment tu veux qu’on t’appelle, Benji ou Benjamin ? », demande-t-il. Ce sera plutôt Benjamin. Ce dernier n’est pas seul : son père, Alain, l’accompagne. Ils sont venus de Bayard-sur-Marne. En premier lieu, ils doivent raconter l’histoire de Benjamin. Alex Meïer pose un petit appareil devant eux et les enregistre. Casque sur les oreilles, l’artiste écoute attentivement. De temps en temps, les bruits de la vie au centre socioculturel se font entendre. Mais Alex Meïer, Alain et Benjamin ne dévient pas de leur exercice.
Le père retrace le parcours de son fils, depuis sa naissance, et sa vie avec cette particularité génétique. « Il est comment, Benjamin ? », relance Alex Meïer. « Il a le sourire dès le matin, il taquine sa sœur… Il est tendre, aime les câlins, il ne fait pas de crise », décrit son père. « Il aime bien regarder la télévision, voir du monde, bricoler avec son père… »
« Tout le monde a le droit d’exister »
Au fil de la conversation, une chose saute aux yeux : la force du lien entre père et fils. Alain parle de Benjamin avec beau-coup d’amour. Même s’il est bien entouré, le jeune homme se sent un peu seul. Il aime-rait « trouver une copine ». Il a d’excellents souvenirs de ses années au collège de la Noue. C’est aussi un fan incondi-tionnel de l’équipe de foot féminine d’Eclaron. « C’est son passe-temps favori, aller les soutenir. Quand il revient, ce n’est pas le même Benjamin ! »
La trisomie 21 fait qu’il a des difficultés d’élocution, par exemple. Mais c’est avant tout une personne « authentique », selon son père. « Benjamin, il ne triche pas. » Et aux parents qui ont des enfants porteurs de trisomie 21, Alain dit cela : « Il ne faut pas en avoir peur, ne paniquez pas, c’est du vécu » , assure-t-il. « Il faut du monde derrière et y croire. » A la fin de l’enregistrement, Alain et Benjamin doivent dire ces phrases : « Je suis humain, je suis visible. »
« On n’est pas différents, on a tous notre chose qui nous constitue. Tout le monde a le droit d’exister », argumente ensuite Alex Meïer. Puis vient le temps du tournage vidéo. Benjamin se place devant la lampe. Petit à petit, il lâche quelques sourires. Son père le rejoint ensuite pour la photo finale.
L’expérience semble avoir plu à Benjamin et Alain. Ce dernier aimerait d’ailleurs s’engager dans l’association, avec son fils. « Ta chérie, on va la trouver ! » , taquine Alex Meïer, ce qui fait rigoler Benjamin.
Clotilde Percheminier