Rendez-vous à Nogent
Théâtre. Road trip entre copines, “Rendez-vous à Capri” fera étape à Nogent. Journaliste, animatrice de télévision, complice de Marc-Olivier Fogiel et Michel Denisot, Ariane Massenet sera sur les planches, samedi 22 avril, à 20 h 30, au centre culturel Robert-Henry. «Un rêve d’enfant». «Une nouvelle vie».
jhm quotidien : Quelle place le théâtre a-t-il occupé dans votre enfance et votre adolescence ?
Ariane Massenet : J’ai fait beaucoup de théâtre, à l’école, j’ai eu la chance de suivre des cours de théâtre de la classe à 6e à la terminale. Au début, à 10 ou 12 ans, ça m’amusait, puis mon intérêt pour le théâtre a grandi au fil des années. Adolescente, comme beaucoup, je ne savais pas trop ce que je voulais faire, hormis devenir comédienne. J’ai passé mon baccalauréat et mes parents m’ont fait comprendre que me lancer dans le théâtre était compliqué, qu’il était difficile d’en faire un métier, je me suis donc dirigée vers autre chose.
jhm quotidien : Vous avez animé ou apporté votre précieux concours à de nombreuses émissions télévisées en direct et en public, cette expérience théâtrale vous a-t-elle été bénéfique devant les caméras ?
A. M. : La décharge d’adrénaline est à la même à la télévision ou au théâtre, on se jette à corps perdu dans le direct. Je suis une jeune comédienne, une jeune première ! Mes 30 années de télévision ont été bénéfiques, les deux émissions les plus emblématiques auxquelles j’ai participé étaient en public, je suis familière du contact direct avec les gens, en rentrant sur scène, je n’ai donc pas eu l’appréhension du public. Ma formation théâtrale m’a certainement permis d’être plus à l’aise à la télévision, la télévision m’a certainement permis d’être plus à l’aise sur scène, il y a une certaine cohérence dans tout ça.
jhm quotidien : Votre carrière télévisuelle a été riche, dense, aviez-vous planifié cette nouvelle expérience, sur scène ?
A. M. : Pas du tout, toute ma carrière a été faite de rencontres, de rencontres avec des personnes que j’ai envie de suivre. Je n’ai pas de formation journalistique, je suis une autodidacte. A un moment, je ne me suis plus reconnue dans ce que la télévision pouvait me proposer, sans pour autant prévoir de me tourner vers le théâtre. Quand j’étais au Grand Journal (émission télévisée de Canal + animée par Michel Denisot, Ndlr), on m’a proposé deux ou trois fois de faire du théâtre, j’étais en direct chaque soir, on m’a proposé d’aménager mes horaires, mais je ne me sentais pas de faire les deux en même temps. Quand ma sœur m’a proposé de jouer dans “Comme des sœurs” (pièce écrite et mise en scène par Béatrice Massenet, Ndlr), je me suis rappelée à mon rêve d’enfant, 35 ans plus tard, il était possible de réaliser ce rêve. C’était maintenant ou jamais ! Je me suis lancée, c’était une première expérience pour ma sœur comme pour moi. J’ai réalisé mon rêve d’enfant, j’en suis heureuse et fière, aujourd’hui, je me sens pleinement à ma place.
«Désormais, je ne fais que du théâtre»
jhm quotidien : On ne s’improvise pas comédienne, malgré votre expérience du direct, du stress du direct, comment avez-vous travaillé ?
A. M. : J’ai été accompagnée, très bien accompagnée, par des comédiennes chevronnées dans “Comme des sœurs”, elles ont veillé à me donner des conseils. Mon principal souci tient en ma mémoire, avaler, digérer et maîtriser 1 h 30 de texte n’est pas facile. J’ai une mémoire de porte-manteau, j’oublie, je suis distraite, j’ai donc adopté certaines techniques afin de maîtriser mes textes. “Rendez-vous à Capri”, je suis dedans depuis deux mois, j’apprends le texte, je m’enregistre, j’écoute, je réécoute, sans arrêt. Nous en sommes à la dixième représentation de “Rendez-vous à Capri”, mais nous continuons à faire ce qu’on appelle des “italiennes”, nous récitons le texte quelques heures avant de monter sur scène pour nous le remettre en mémoire. C’est un long travail, mais si j’y arrive, n’importe qui peut y arriver !
jhm quotidien : Votre objectif est-il de vous consacrer pleinement au théâtre ou pensez-vous encore à la télévision ?
A. M. : En France, les étiquettes sont très tenaces, on pense souvent que les personnes venant de la télévision font du théâtre pour s’amuser ou passer le temps. Le théâtre, c’est vraiment ce que j’ai envie de faire aujourd’hui, mon objectif est de me consacrer au théâtre et de faire savoir au plus grand nombre que désormais, je ne fais que du théâtre. J’ai adoré la télévision, j’ai rencontré des gens passionnants, mais aujourd’hui, j’ai pleinement envie de me consacrer au théâtre. J’apprends tous les jours, j’ai toujours aimé apprendre. C’est une autre vie, j’aime l’idée d’avoir plusieurs vies dans une même vie. J’apprends, découvre un milieu, un milieu très artisanal. Je ne dis pas que la télé, c’est terminé, mais actuellement, mon temps est au théâtre, je joue, mais je pense également à l’écriture de pièces.
«L’amitié, un thème rassembleur»
jhm quotidien : Venons-en à cette pièce, comment pourriez-vous nous la présenter ?
A. M. : Trois copines d’enfance se font un road trip, elles sont fâchées et ne se parlent plus depuis un an, on ne sait pas exactement pour quelle raison, mais elles sont amenées à se rendre en voiture, ensemble, à Capri, à l’enterrement d’un ami commun. Ces trois femmes d’une cinquantaine d’années ont des profils complètement différents, je joue le rôle d’une femme politique, candidate aux élections législatives, ce voyage ne m’arrange pas du tout puisqu’il tombe entre les deux tours. Cette pièce est une histoire d’amitié, cette pièce profite également d’un décor modulable, de scène en scène, nous sommes dans une voiture, dans une chambre d’hôtel ou dans une station-service, les plateaux s’enchaînent.
jhm quotidien : Comme dans “Comme des sœurs”, votre première pièce, “Rendez-vous à Capri” est une histoire de femmes…
A. M. : Oui, en effet, pas le plus grand fait du hasard ! “Comme des sœurs” réunissait trois amies d’enfance, dans “Rendez-vous à Capri”, c’est la même chose ! L’amitié occupe une place particulière dans nos vies, l’amitié est donc un thème, rassembleur, très présent au théâtre.
Propos recueillis par Thomas Bougueliane