Renaturer un ruisseau pour lutter contre son assèchement
Environnement. Ce lundi 28 mars, la réception des travaux de renaturation du ruisseau de Val Darde a été présentée. Le cours d’eau a retrouvé son lit d’origine. Alors qu’il était assec près de six mois de l’année, son assèchement devrait être moins fréquent.
En septembre 2020, des travaux de renaturation du ruisseau de Val Darde ont commencé sur une portion traversant la commune de Foulain. Achevés, ils ont été présentés ce lundi 28 mars. L’objectif : limiter l’assèchement du cours d’eau, assec six mois de l’année.
Pour se faire, l’ancien tracé du ruisseau, plus humide, a été repris. Ainsi, le Val Darde retrouve sa nappe d’accompagnement, soit une nappe d’eau souterraine voisine du ruisseau dont les propriétés hydrauliques sont très liées à celles du cours d’eau.
« Nous gagnons quelques semaines sur l’assec », soutient Joël Clément, le vice-président du technicien au Syndicat mixte du bassin de la Marne et de ses affluents (SMBMA). Dans un contexte où la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement prévoit 30 % d’assec en plus sur les vingt prochaines années, cela est bienvenu.
Causes
L’assèchement du Val Darde s’explique en partie par le déplacement de l’affluent de la Marne de quelques mètres. Par le passé, il a été dévié plus en hauteur et recreusé de manière linéaire et plus souvent vidé de son eau. Ce schéma rectiligne raccourcit la longueur du cours d’eau et diminue les caches pour ses habitants. Le ruisseau est ainsi devenu moins favorable aux poissons, ainsi qu’à leur reproduction, et plus généralement à la biodiversité.
La pluviométrie est également en cause. Si la quantité de précipitation annuelle demeure régulière, sa répartition sur les différents mois ne l’est pas. Les pluies ont de plus en plus tendance à tomber d’un coup avant de laisser place à des périodes sèches, notamment en juillet et en août. Des répercussions du dérèglement climatique.
Diversification
« C’est un cours d’eau essentiel pour la reproduction des poissons. Ils remontent la Marne pour s’accoupler, puis ils repartent », explique Mickaël Thabourin, technicien au SMBMA chargé du projet. Afin de favoriser la reproduction des poissons, le syndicat a utilisé des matériaux alluvionnaires, soit vulgairement des pierres et des graviers. Selon les endroits du cours d’eau, ces derniers sont plus ou moins grosses. Cet aménagement permet notamment d’avoir d’avantages de caches pour les poissons.
« Plus il y a de milieux différents, plus il y a des espèces variées », souligne Mickaël Thabourin. Cette polyvalence de l’environnement est accentuée les méandres, qui créent des endroits plus ou moins profonds, des poches d’eau, des zones où les cailloux restent à la surface, ou encore où l’herbe peut pousser.
Cette diversification rend également le ruisseau plus résilient lors de forts débits d’eau. « Plus vous avez un milieu diversifié, plus il y aura de zones à l’abri pendant les crues », ajoute Martial Gil, responsable technique et environnemental de la Fédération de pêche en Haute-Marne.
« Avant ça faisait piscine »
Supervisée par le SMBMA, la renaturation du cours d’eau a duré sept semaines, réparties sur deux ans. En septembre 2020, le syndicat s’est occupé de la partie amont. En octobre 2021, c’était au tour de l’aval. Enfin, cette année, en février, il s’est attaqué aux clôtures et aux plantations (voir encadré).
Une partie des travaux s’est déroulée sur un terrain appartenant à la commune de Foulain qui sera bientôt loué et accueillera des chevaux. L’autre partie a été réalisée sur des propriétés privées. « Le plus dur c’est d’avoir l’accord des propriétaires », affirme Mickaël Thabourin.
Pourtant, il y a des points positifs pour eux. « Avant ça faisait piscine, je ne pouvais pas y aller », explique une propriétaire ayant accepté que le ruisseau passe au milieu de son jardin. Effectivement, l’eau retournait vers sa place d’origine et inondait le terrain. En plus de pouvoir profiter plus pleinement de son jardin, elle bénéficie des arbres plantés dans le cadre du projet pour lesquels elle n’a pas déboursé un centime.
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr
Diversification de la faune et de la flore
Dans le cadre de la renaturation du cours d’eau, le SMBMA a replanté des arbres et arbustes le long du cours d’eau, notamment pour faire de l’ombrage. Par ailleurs, ces végétaux permettent de capturer des nutriments, notamment l’azote, ce qui permet de réduire la prolifération d’algues nocives pour la biodiversité du cours d’eau. Plusieurs essences ont été plantées, dont de l’aulne, du fusain et de l’aubépine.
De cause à effet, les bénéfices de la renaturation touchent également la faune. « Il y a quelques mois, c’était inondé. Là il y a plein de terriers de mulot », s’émerveille Joël Clément, le vice-président du SMBMA. Ces mulots vont attirer les prédateurs, comme la chouette ou les crécerelles. « C’est tout un biotope qui se recréé. »