Relire l’Histoire – L’édito de Patrice Chabanet
Relire l’Histoire – L’édito de Patrice Chabanet
L’avenir des nations ne se construit pas hors de l’ombre de leur passé. La France et l’Allemagne d’aujourd’hui ont une histoire commune et douloureuse qui a dominé la scène européenne. L’inauguration, hier, d’un musée commun au Hartmannswillerkopf s’inscrit dans la volonté des deux ennemis d’antan d’écrire ensemble cette histoire, et non pas chacun de son côté. La cérémonie était chargée de symboles, à commencer par l’étreinte d’Emmanuel Macron avec son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier. Un rappel évident du couple Kohl-Mitterrand main dans la main devant l’ossuaire de Douaumont.
On pourra toujours gloser sur l’intérêt de pareil événement, parfois grandiloquent, souvent à des années-lumière des contingences d’un présent prisonnier de la dictature de l’urgence. Mais la réalité d’hier est toujours présente, sous d’autres formes, sous d’autres latitudes. Il est bon de rappeler aux jeunes générations que des milliers d’hommes tombaient chaque jour entre 1914 et 1918. Il est impératif également de souligner que les déclenchements de guerres résultent souvent de mécanismes sournois devenus incontrôlables.
Emmanuel Macron et Frank-Walter Steinmeier, c’est évident, ont profité de l’occasion pour appeler à l’avènement d’une souveraineté européenne. Un discours qui risque de devenir vite inaudible en ces temps de repli sur soi. Le retour de la paix sur le continent européen et la chute du Mur de Berlin ont libéré des énergies pour d’autres conflits plus subtils, notamment dans le champ économique. On se bat maintenant pour ou contre l’interdiction des pesticides, pour ou contre les emplois détachés. L’idéal européen est devenu moins prégnant. Le souci de la gestion au quotidien a pris le relais. Une porte entrouverte sur le nationalisme. Relisons l’Histoire.