Relancer la machine – l’édito de Patrice Chabanet
L’habitude rend méfiant. Les prises de parole présidentielles – et cela depuis des décennies – n’annoncent rien de fracassant. Cette fois-ci, on aura quand même droit à une modification sur la forme : le format choisi par Emmanuel Macron sera celui d’une conférence de presse dans la soirée, après les journaux télévisés. Le « prime time », comme disent les spécialistes. Le message est clair : toucher le maximum de téléspectateurs-électeurs. L’objectif l’est tout autant : expliquer le remaniement ministériel et, en même temps, révéler un projet d’ampleur, une ambition nouvelle, dans le sillage de ce qu’avait laissé entendre le chef de l’Etat dans ses vœux télévisés.
La tâche ne sera pas facile. Les Français, s’ils ont bien accueilli la nomination de Gabriel Attal, restent sceptiques quant à la capacité d’Emmanuel Macron de sortir le pays de la crise, de relancer la machine. Surtout, ils ne discernent pas le cap. Un voyage dans l’inconnu qui nourrit l’inquiétude et l’anxiété, si l’on en croit les sondages.
L’exercice sera périlleux car le paysage politique s’assombrit. Une partie de la majorité présidentielle a mal pris la droitisation des nominations. Cette dernière est restée en travers de la gorge de François Bayrou. Quant au choix de Rachida Dati, c’est certes une belle prise mais elle ferme la porte à un rapprochement avec LR, ulcéré par la méthode macronienne. Sans parler de la gauche modérée qui se sent plus que jamais éloignée du macronisme. C’est peu de dire que, ce soir, Emmanuel Macron sera attendu au tournant, y compris dans son propre camp.