Réhabilitation : Chaumont Habitat envisage de nouvelles démolitions d’immeubles
La nouvelle démolition de 78 logements à La Rochotte reste un souhait de Chaumont Habitat soumis à validation et financement. Le bailleur social espère être fixé avant l’été. En attendant, des locataires parlent de ce projet, qu’ils considèrent d’ailleurs comme acquis.
« La réhabilitation de logements continue à La Rochotte. On prépare la déconstruction des n°14 à 20 et des n° 24 à 38 rue Fleming. Des travaux de désamiantage y sont en cours ». Le directeur adjoint de Chaumont Habitat Sébastien Agnus pronostique que cette phase onéreuse (35% du coût total) sera bouclée « vers juin-juillet ». Le bailleur social a relogé les locataires du n°24 à 38 « fin octobre ou novembre » dernier. Aux n°14 à 20, le lancement du marché pour la phase désamiantage est prévue autour du 15-20 avril. « En fin d’année, cet immeuble sera démoli ». Le relais passera alors dans les mains de la ville de Chaumont pour la réalisation des aménagements paysagers, dans le cadre du programme de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) « un ». Objectif : « dédensifier » le quartier.
« La suite – « l’ANRU « deux » – reste à l’état de projet ». C’est l’Agglomération qui le porte, d’où sa mention dans la synthèse de son dernier conseil (le 14 mars, NDLR), plutôt détaillée d’ailleurs. Chaumont Habitat souhaite engager cette fois la démolition des immeubles du n°42 à 46 rue Fleming et du n°26 à 32 rue Lavoisier, qui connaissent des taux de vacance « plutôt importants ». Dans les demandes de logements, les candidats mentionnent en effet souvent « je ne veux pas aller à La Rochotte ». Autre motif à raser ces bâtiments : leur caractère « relativement énergivore ». Enfin, les modèles d’appartements ne correspondent plus à la demande, qui porte surtout sur des T2 ou des T3. « On est encore à la phase d’études », insiste Sébastien Agnus. « Ça va être long, on n’évoque pas encore ces projets avec les habitants ». S’ils sont validés et financés, ceux-ci demanderont en effet du temps pour se concrétiser. Le bailleur devrait toutefois savoir s’il a le feu vert « avant l’été ». Si c’est le cas, le protocole habituel se dépliera : information et consultation des familles qui seront relogées.
L’information a fuité
Reste que les deux immeubles concernés sont déjà « marqués », comme des arbres qu’on prévoit d’abattre… et que des habitants ont entendu dire que les bâtiments seraient démolis. « Chaumont Habitat communique, j’ignore comment les locataires ont eu vent de l’information ». Sébastien Agnus déplore que « ça mette la panique » : le bailleur mesure que ce type d’opération, au demeurant au stade encore de projet donc, représente un évènement dans la vie des locataires. « J’ignore à quoi correspond ce « marquage » des bâtiments », ajoute-t-il. Côté locataires, c’est celui-ci qui a enclenché les questionnements. « On est venu marquer chaque entrée de l’immeuble avec de gros points de couleur orange, et des lettres « T », il y a 15 jours – 3 semaines. Depuis, les habitants parlent… ». Jessica habite un appartement du n°26 de la rue Lavoisier depuis 8 ans et ½, dont elle salue la spaciosité. Le bruit de la démolition de l’immeuble dans lequel son logement est situé court, en précisant que l’affaire sera réglée « d’ici à deux ans ». Une perspective qui ne la trouble pas, loin de là. « C’est un quartier qui devient de pire en pire. L’idée de quitter mon appartement ne me dérange pas du tout ». D’autant qu’elle estime ce déménagement à venir naturel. « Vu l’état des appartements… ». Pour sa part, elle l’a vu gâté par des moisissures et infesté de blattes. « Chaumont Habitat ne bougeait pas. Il a fallu que je m’énerve pour qu’il m’envoie une entreprise en décembre dernier ». Déjà, « peu après » avoir emménagé, les cafards avaient fait leur nid chez elle. Au point que « les petits les ramassaient dans un bocal ». À l’époque, Jessica s’était occupée elle-même d’éradiquer les bestioles. Aujourd’hui, la jeune femme entend dire dans sa cage d’escalier que les locataires qui vont devoir déménager vont se voir faire « 3 propositions de relogement » (le protocole classique, NDLR). Dont elle ignore tout. Logique tant que le projet reste à valider.
« À 82 ans, j’aime pas trop les déménagements »
« J’habite ici depuis 25 ans… ». Yvette n’est spontanément pas trop prête à quitter son appartement, sis également au n°26 de la rue Lavoisier. « À 82 ans, j’aime pas trop les déménagements ». Pour l’heure, « aucune information » sur cette perspective ne lui est parvenue… « sauf par les voisins ». Et puis elle a du mal à croire à cette éventualité. « Ils ont fait des terrasses et tout… C’est ridicule de démonter ». D’autant, insiste-t-elle, que « les travaux ont duré des mois », que « c’était compliqué pour dormir ». Sans surprise, elle n’a « aucune information sur un relogement ». Et puis, elle est « bien » ici, Yvette, dès que « (sa) porte est fermée ». La proximité de sa fille Muriel conforte son point de vue. Certes, il lui est arrivé à elle aussi d’avoir des blattes dans son logement. « Quand ils faisaient des travaux, ça venait d’en bas ». Oui aussi, les moisissures, elle en connues, « suite à des fuites d’eau ». Son contrat d’assurance a permis de que « tout soit refait ». C’est précisément pour lutter contre les infiltrations que Chaumont Habitat s’est attelé aux terrasses. « On fait l’essentiel » pour le confort des habitants, résume son directeur adjoint. En clair : même si l’intention est de démolir, le quotidien des locataires soit être préservé.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr