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L’activité physique atout du vivre bien

Régis Juanico est l’auteur de « Bougeons! », un manifeste pour une prise de conscience sur la nécessité d’avoir une activité physique régulière.

Expert en politique publique sportive, l’ancien député de La Loire, Régis Juanico, était mercredi 11 octobre à Langres pour l’ouverture d’une série de conférences sur le sport dans le cadre de l’année olympique. Il rappelle l’importance d’avoir une activité physique afin d’augmenter son espérance de vie en bonne santé. Interview.

jhm : Les Français font-ils plus de sport aujourd’hui qu’auparavant ?

Régis Juanico : Je ne raisonne pas en termes de sport. Effectivement, si on prend le nombre de Français licenciés dans un club, on est autour de 15 millions. Nous ce que l’on mesure, c’est la pratique d’une activité physique. Globalement, on a 40 % de notre population qui sont dans l’inactivité physique, qui n’atteignent pas les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, c’est-à-dire 30 minutes d’activité par jour pour un adulte. On a aussi 40 %, le même pourcentage, qui sont dans la sédentarité, les femmes plus que les hommes. Vous pouvez aussi avoir une activité physique trois à quatre fois dans une semaine mais être également sédentaire, c’est-à-dire passer 7 h derrière un bureau. C’est ce que j’appelle la nouvelle addiction à la chaise, aux écrans. Il faut lutter contre les deux phénomènes. L’inactivité physique et la sédentarité provoquent des maladies chroniques, des décès prématurés, environ 50 000 par an. Et cela développe aussi de l’anxiété, du trouble du sommeil, de la dépression.

La période de confinement pendant le Covid n’a-t-elle pas fait bouger les lignes ?

R. J. : Les chiffres sont alarmants avant le Covid notamment chez les jeunes générations. On mesure, depuis les années 70, une baisse de la capacité physique de nos collégiens chaque décennie de 5 %. On est à une perte de 30 % depuis 50 ans, ce qui est énorme. La capacité physique d’un adolescent, d’un enfant, c’est un peu son capital santé. Et c’est prédictif aussi de ses espérances de vie en bonne santé. Ce que le Covid a aggravé, c’est que nos collégiens sont encore plus qu’avant essoufflés. Ils ont du mal avec la motricité. Ils font face aux phénomènes de surpoids et d’obésité et cela dès 7 ans. Ce que le médecin ne constatait pas auparavant, c’est le développement de maladies dites de “vieux”. Il n’est pas rare d’avoir des adolescents avec du diabète, du cholestérol, des infarctus du myocarde à 30 ans, ce qui ne se voyait pas avant. Les jeunes se sont mis beaucoup aux écrans jusqu’à 7 heures par jour. Cette addiction à la chaise et aux écrans est en train de produire des effets extrêmement néfastes sur la santé générale. C’est pour cela que nous sommes beaucoup à tirer la sonnette d’alarme. La bonne nouvelle, c’est que l’on peut lutter contre la sédentarité, on peut lutter contre l’inactivité physique. C’est très simple. Des Français se sont mis à des disciplines plutôt secondaires comme la marche à pied, fitness, Pilates, toutes ces disciplines de sport-santé-bien-être. Elles connaissent un boom. Il suffit de dire aux gens de remplacer 30 minutes de chaise par 30 minutes d’activité physique adaptée comme la marche à allure modérée. Si vous ne faites que cela, l’impact sur votre santé va être spectaculaire. C’est – 20 % de décès prématurés, c’est – 30 % sur les risques cardio-vasculaires. Ce n’est pas forcément faire les 10 000 pas par jour. Les Français marchent en moyenne 4 000 pas par jour. Si vous dites 10 000 pas aux gens, certains vont trouver cela déraisonnable. En revanche, si vous leur dites de faire 1 000 pas de plus dans une journée en plus des 4 000 qu’ils font, c’est un objectif atteignable et raisonnable. C’est pratiquement 5 km. J’essaie de donner des exemples dans l’activité physique du quotidien comme monter des escaliers et d’éviter l’ascenseur, à la maison faire la vaisselle, le ménage, bricoler, jardiner sont des activités de renforcement musculaire, de souplesse. Ce sont des activités physiques qui suffisent.

Ce que vous expliquez, c’est que l’activité physique ne passe pas forcément par une licence dans un club sportif.

R. J. : je le recommande vivement. Je suis un sportif depuis tout petit. Mais il faut voir que dans des clubs, il existe des sections dédiées à des personnes qui se sont éloignées d’une activité comme la marche nordique par exemple. On a en plus dans ces clubs des éducateurs qui sont diplômés et formés pour cela. Il y a aussi pour les personnes qui ont des problèmes pour bouger, pour marcher, des personnes en obésité, des programmes adaptés et spécifiques. Mais le principe, c’est de le faire de manière régulière. Courir le dimanche, c’est bien mais c’est moins bien que de le faire deux à trois fois dans la semaine. La montée d’escaliers étant pour moi le must, car c’est complet. Il y a le cardio, la souplesse, l’équilibre.

Est-ce que la situation est désespérée pour les Français ?

R. J. : La situation est très inquiétante. On ne peut pas considérer que l’on va offrir aux nouvelles générations, la perspective de vivre moins bien et moins longtemps. Ce serait une régression depuis la seconde guerre Mondiale. Et de ce point de vue, on peut inverser les courbes. Et récemment, on a fait un test navette pour des collégiens (calcul de la VMA). Il a montré la perte de capacité physique. La bonne nouvelle, c’est que deux séances de 15 minutes par semaine en EPS pendant six semaines en cardio-respiratoire, ont permis aux collégiens de retrouver une capacité physique supérieure de 2,5 fois supérieures à ceux qui ne l’ont pas fait.

On a réussi à se faire entendre puisque le président de la République a annoncé en septembre qu’il allait généraliser les tests de capacité physique en sixième et avec un programme d’accompagnement.

Propos recueillis par Philipe Lagler

Régis Juanico est l’auteur d’un livre “Bougeons !” préfacé par François Carré, cardiologue du sport aux éditions Jean Jaurès.

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