Réforme des retraites : des effets positifs pour les syndicats
Une unité toujours de mise, des adhésions en hausse, une image revalorisée auprès des salariés et de la population : en Haute-Marne, les organisations syndicales ont d’ores et déjà tiré profit de leur combat contre le report de l’âge légal de départ à la retraite.
Tenues tout à la fois à l’écart par les Gilets jaunes, en 2018, et par Emmanuel Macron depuis sa première élection (« je souhaite un syndicalisme moins politique. On a besoin de corps intermédiaires mais à leur bonne place », déclarait-il en 2017), les organisations syndicales ont fait leur grand retour sur la scène française avec le conflit de la réforme des retraites. En se présentant unies comme rarement elles ne l’ont été, en faisant preuve de responsabilité, les centrales ont démontré qu’en dépit d’un des plus faibles taux de syndicalisation parmi les pays développés (lire l’encadré), elles avaient encore toute leur importance.
Si la loi actant le report de l’âge légal de départ à la retraite a été promulguée, si la mobilisation n’est pas terminée (le 1er mai sera d’ailleurs une nouvelle journée d’action nationale), d’ores et déjà plusieurs responsables de syndicats de salariés haut-marnais – ils sont huit au total* – notent qu’il y a un avant et un après réforme des retraites.
« Utiles »
D’abord en terme d’image. « Il y a une réouverture vers les syndicats qui étaient considérés comme d’un autre temps, explique Anna Morel, secrétaire départementale de Force ouvrière (FO). On l’a bien vu quand on distribuait des tracts sur les ronds-points : les gens nous disaient « ne lâchez rien, heureusement que vous êtes là ! » La perception est toute autre qu’au moment des Gilets jaunes. » Même sentiment pour Philippe Goncalves, président de la CFTC 52 : « La mobilisation a montré aux salariés lambda que les syndicats étaient utiles ».
Elle a aussi rappelé que les organisations pouvaient empêcher les expressions plus radicales de la colère. « Ni l’Etat ni les mairies ne pourront dire que nos manifestations se sont mal passées », fait remarquer Vincent David, secrétaire de l’union départementale CGT, pour qui les syndicats, durant cette crise, « ont joué un peu le rôle des députés ».
« Fidéliser »
Cette image revalorisée a plusieurs conséquences pour les organisations. « Le plus grand effet bénéfique de cette mobilisation, c’est qu’elle a remotivé les équipes militantes », note Sylvie Delanne, secrétaire générale de la CFDT. De même, toutes les centrales interrogées notent un rebond du nombre d’adhésions. Pour la CGT, « plus de 28 000 depuis le 1er janvier au niveau national », explique Vincent David, qui entend bien que ce ne soient pas des adhérents « éphémères » mais des personnes « formées, fidélisées ».
« Les demandes d’adhésion concernent les structures existantes mais également les entreprises où on n’était pas implanté », souligne Anna Morel pour ce qui concerne FO.
« Travailler ensemble »
Autre aspect positif d’un combat mené en commun : « Il a apporté une meilleure connaissance, de la confiance entre nous », relève Philippe Goncalves (CFTC). « Nous avons nos différences, mais nous avons réappris à travailler ensemble », se félicite Sylvie Delanne (CFDT), qui se réjouit que le prochain 1er mai soit « unitaire ». Que l’intersyndicale soit restée soudée depuis le début du mouvement n’est d’ailleurs pas la moindre de leurs satisfactions.
L. F.
- CFE-CGC – CFDT – CFTC – CGT – FO – FSU – SUD – Unsa
Entre la Turquie et la Hongrie
Selon des chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux de syndicalisation en France était, en 2018, de 8,8 % (18,4 % dans le public), juste derrière la Turquie, et devant la Hongrie. A titre de comparaison, ce taux était de 16,5 % en Allemagne, de 91,8 % en Finlande.