Réduire la barrière de la langue française
Face à la demande, les Restos du cœur de Chaumont ont mis en place des cours de français à destination des migrants de toutes origines. Un groupe de bénévoles s’y atèle tous les lundi après-midi, au sein des Restos du cœur et au Pôle Rostand. Rencontre.
« Bonjour, je m’appelle Marwa », affirme une fille de 11 ans. « J’habite à Chaumont », renchérit Farzana. Ces phrases semblent être anodines et, pourtant, ces hommes, femmes et adolescents qui les prononcent ne sont pas en France depuis longtemps. Le français n’est pas leur langue maternelle. Au sein des Restos du cœur, rue de la Suize, un petit groupe se retrouve tous les lundi. Ce jour-là, Evelyne et Catherine essaient d’inculquer quelques notions et phrases à Abdul Matin, Parwana, Farzana, Marwa, Abdelwali et Olenna.
Ils viennent d’Afghanistan et d’Ukraine et ont tout à apprendre. Ça tombe bien, ils ont envie de pouvoir se débrouiller dans leur nouveau pays, même s’ils ne savent encore combien de temps ils vont rester. Ils s’appliquent, écoutent et répètent les mots qu’on leur apprend.
Révision de l’alphabet français
Pour commencer, petite révision de l’alphabet français. « Oralement, ils le connaissent et peuvent le réciter. Maintenant, à eux de l’écrire ! », explique Evelyne. Abdul Matin a déjà suivi de nombreux cours. Il commence à être bien à l’aise avec ces types d’exercices. Olenna, venue d’Ukraine mais aussi Parwana, Farzana et Marwa, trois sœurs âgées de 11 à 14 ans venues d’Afghanistan, toute cette nouvelle langue est encore compliquée. Pourtant, elles se concentrent et s’accrochent.
Ainsi, quand Catherine s’approche de Marwa et lui demande de compléter les trous dans l’alphabet, elle y met vraiment du sien et, de façon très prudente et appliquée, elle répète les lettres après Catherine et, pour ce faire, imite le mouvement de ses lèvres. Avec de la patience, les mots finiront par s’imprimer dans son esprit.
Ensuite, place au vocabulaire français. Pour pouvoir se pouvoir se faire comprendre des autres, il faut savoir utiliser les bons mots. Grâce à un système d’images, Evelyne et Catherine arrivent à faire dire aux autres les mots en question. Parmi eux : chocolat, fenêtre, porte, clé, lit… Les participants s’entraînent également à compter, à lire la date du jour et à se présenter. « On essaie de voir quatre à cinq nouveaux mots par séance. Il ne faut pas en apprendre trop d’un coup, sinon ils ne retiennent pas », note Catherine.
Ce jour-là, Agnès était également aux Restos du cœur avec un autre groupe, formé d’Alemany, venu de Guinée et d’Ehasan Ullah, d’Afghanistan. Habituellement, ils sont plus nombreux et le cours se passe au Pôle Rostand. Ils sont bien plus avancés en français que le premier groupe et ne sont plus des débutants. Alors ils passent directement à la lecture de dialogues.
Chaque semaine, l’histoire se passe ailleurs. Cette fois-ci, il s’agit d’une discussion entre un patient et son pharmacien. L’un des deux joue Mariana qui a besoin de médicaments et qui a une ordonnance, l’autre le professionnel qui l’a reçoit et lui donne. Après avoir lu la scène plusieurs fois, les deux élèves du jour ont mimé la scène. « Dans d’autres séances, on a déjà fait le médecin, les urgences, la Poste… » Ces cours doivent être utiles dans leur vie de tous les jours.
Laura Spaeter
l.spaeter@jhm.fr