« Redonner leur place aux corps intermédiaires »
POLITIQUE. Le sénateur Charles Guené a livré sa réflexion sur les moyens de remédier « à la dégradation de la politique et de la démocratie ». Extraits.
Voici quelques jours, le sénateur (LR) Charles Guéne a publié, sur les réseaux sociaux, une tribune inspirée par le résultat du premier tour de la présidentielle. Au-delà de son sentiment sur le score de sa candidate qui « n’a pas su imprimer (…), malgré probablement l’un des meilleurs programmes, sinon le plus travaillé », l’élu sud-haut-marnais a surtout souhaité réfléchir au moyen de rémédier « à [la] dégradation de la politique et de la démocratie, ainsi [qu’au] déclassement de notre pays qui en résulte progressivement, notamment par l’impossibilité qu’il entretient à se réformer ».
Pour Charles Guené, « la solution se trouve dans la nécessaire évolution du fonctionnement de nos institutions. En 1958, le général de Gaulle, après avoir arbitré au trébuchet l’équilibre de notre République, avait longuement hésité sur le mode de scrutin de l’Assemblée qui reste l’une des clés de voute du système. Il avait alors retenu le scrutin majoritaire. Il voulait purger notre démocratie d’un parlementarisme débridé par le jeu des partis qui avaient sévi pendant des décennies… Depuis lors, les temps ont changé sur le plan géopolitique, économique mais surtout dans la pratique gouvernementale qui s’est beaucoup inclinée vers un pouvoir toujours plus présidentiel, et dans les mentalités des femmes et des hommes qui, mieux formés à la critique, mais pas nécessairement au doute, sont passés d’un collectif à un individualisme sociétal teinté d’une nouvelle culture de l’immédiateté, mâtiné de dégagisme. »
« Contrepouvoir réel »
Pour le sénateur, « il convient, au plus tôt, de redonner leur place aux corps intermédiaires, et en particulier au Parlement ». Et de suggérer d’abord de rétablir « la proportionnelle intégrale dans les élections législatives ». Egalement, comme le réclame son collègue parlementaire haut-marnais Cornut-Gentille depuis des années, de « redonner au Parlement les moyens d’une expertise et d’études d’impact pour peser sur le débat et remplacer ainsi tous les comités Théodule qu’on semble lui préférer… L’établissement ainsi d’un contrepouvoir réel, au rang duquel le Sénat prendrait toute sa place et alors rien que sa place, viendrait ajouter aux effets de la modification du scrutin. Le Président, redevenu ainsi arbitre, disposant toujours de l’arme létale de la dissolution… » Ces mesures, conclut Charles Guené, « me paraissent seules capables de provoquer l’électrochoc sur un corps électoral et un landerneau politique qui n’ont cessé de s’éloigner en cultivant leur tropisme, alors qu’ils doivent par nature vivre en osmose. »