Réagir vite – L’édito de Christophe Bonnefoy
Lactalis n’avait pas 10 000 possibilités, après la contamination aux salmonelles de laits infantiles produits dans son usine de Craon, en Mayenne. Seules deux options s’offraient au groupe : désigner de faux coupables ailleurs qu’en son sein, ou assumer totalement, pleinement, sans tricher.
Les scandales passés ont montré qu’à vouloir cacher la vérité, on finit toujours, économiquement parlant et en termes d’image, par pâtir d’avoir voulu jouer avec la santé des clients. En l’occurrence, des enfants, qui plus est en très bas âge. On comprend dès lors que le mea culpa s’imposait. Vite. Fort. Et Lactalis n’a pas cherché à esquiver.
L’industriel avait déjà retiré des rayons 625 lots des produits incriminés. Il vient d’en ajouter 720. C’est le moins qu’il pouvait faire. Car si Lactalis avance des mesures de précaution, il était obligé de se rendre à l’évidence : des nourrissons ont présenté une salmonellose après la consommation du lait incriminé. Le groupe ne pouvait donc nier les faits, au risque de passer d’un accident heureusement, a priori, sans autre conséquence qu’une quinzaine de “simples” hospitalisations, au véritable scandale sanitaire. Il n’a d’ailleurs tenté, ni de cacher, ni d’atténuer ses responsabilités.
Plus largement, cet épisode pose le problème de la confiance qu’ont aujourd’hui les Français dans les produits qu’ils consomment. On peut même affirmer que nombre d’entre eux ne se font plus vraiment d’illusions sur la qualité de ce qu’ils mangent. Probablement à tort. C’est d’ailleurs tout le défi des professionnels du secteur : rassurer, et restaurer cette confiance.