Raymond Domenech retrouve la parole
Jusqu’alors peu disposé à communiquer avec la presse, Raymond Domenech a retrouvé la parole, hier, lors de la traditionnelle conférence de presse. Et le sélectionneur des Bleus a des choses à dire…
Une fois n’est pas coutume, c’est un Raymond Domenech jovial et détendu qui s’est présenté, hier, au Rattenfäger Halle de Hameln. Cela cache-t-il quelque chose ? Eh bien non ! Hier, le sélectionneur des Bleus n’a occulté aucune questions même les plus sensibles.
La confiance faite à Vieira
Un exemple ? Patrick Vieira. Le milieu de terrain de l’équipe de France, pas vraiment à son avantage lors des matches de prépa- ration, a-t-il toujours la confiance du sélectionneur ? «Je connais ses qualités et, pour le moment, ce qu’il fait me convient bien. Il peut faire mieux, il va faire mieux mais le fait que les médias le remettent en cause me surprend. Pour moi, “Pat” sera un des hommes forts de ce Mondial.» Voilà qui est clair.
Govou, son 24ème choix
Le choix de Sidney Govou pour remplacer Dijbril Cissé blessé, également. «Nous avions une liste élargie de joueurs possibles. Sidney, c’est mon 24ème choix ! Il fait partie des joueurs qui ont participé à la qualification. Tous ceux qui ont fait partie de la campagne devaient se tenir prêts. La venue de Sidney est le résultat d’une réflexion commune. Elle a commencé le soir du match France-Chine, à 4 heures et en fin de matinée la décision était prise. Elle l’a été après réflexion et non après hésitation. Son expérience peut être utile. De plus, il peut évoluer à plusieurs postes et cela peut permettre d’avoir d’autres options de jeu.»
Dans le jeu «rien n’est parfait»
Le jeu et les joueurs voilà un autre sujet qui a été abordé. Là encore, Raymond Domenech ne s’est pas défaussé, il a même joué au professeur pour répondre. «Rien n’est parfait ! Les relations entre les joueurs, leurs posi- tionnements, tout peut s’améliorer et tout va s’améliorer car ils travaillent pour cela. Leur rendement a progressé pendant toute cette préparation. On le voit aux courses, à la durée dans les efforts. Pendant deux ans, nous avons essayé plusieurs options, nous avons fait plusieurs choix, on a tout testé, il va falloir ressortir les fiches. Attention, il faut rester sur une idée directrice et éviter le hors-sujet ! Notre vrai visage, on le verra face à la Suisse, puis face aux Coréens et enfin face aux Togolais. Les matches de préparation, ce ne sont que des brouillons, la première copie aura lieu face aux Suisses et là, il faudra une bonne note !»
Ribéry, le bon élève
Questions bonnes notes, s’il est un joueur qui mérite les félicitations du jury, c’est bien le Marseillais Franck Ribéry. Tout le monde s’accorde à dire que le “petit nouveau” mérite un autre rôle que celui de joker de luxe. Raymond Domenech estime, lui, «que Franck arrive de la classe d’en dessous et qu’il doit faire ses preuves.» A bon entendeur, salut.
Quid de Malouda ?
Concernant Florent Malouda, blessé, le sélectionneur des Bleus a été plus évasif n’hésitant pas à se retrancher derrière le fait qu’il «n’a pas le droit de trahir le secret médical.» Facile. En insistant un peu, Raymond Domenech ajoute «hier (vendredi), il était aux soins mais aujourd’hui (hier), il va être un peu sur le terrain, pour voir. Je ne suis pas médecin, seul le joueur peut dire ce qu’il a.» Encore faut-il pouvoir l’approcher !
Le décalage entre les Bleus et les médias
Retranchés dans leur “château”, les Bleus sont en effet coupés du monde. Là encore, le mentor des Bleus est très clair. «Nous ne sommes pas recroquevillés dans notre château. Nous sommes épanouis. Vous devez commenter au quotidien ce qui se passe mais nous devons préparer une Coupe du Monde dans le but d’aller le plus loin possible. Il y a un décalage, je le comprends mais c’est comme ça. Tout le monde a envie de faire quelque chose, c’est l’essentiel.»
La Suisse en ligne de mire
Ne souhaitant pas donner son avis concernant la démission d’Otto Pfister, le sélectionneur du Togo, suite à un différend portant sur la prime des joueurs, Raymond Domenech est plus loquace lorsque le match face à la Suisse est abordé. «Il faut être prêt. C’est une bonne équipe qui nous posera des problèmes, mais nous aussi. Un premier match, en terme de confiance, est capital. Par la suite, il y a peu de temps pour gamberger, les rencontres s’enchaînant assez rapidement, ce qui n’est pas le cas de la première rencontre que l’on prépare depuis quelque temps déjà.»
L’union fait la force
A quelques jours de débuter la compétition, Raymond Domenech doit garder tout le monde sous pression. S’il a sans doute déjà en tête son équipe qui va jouer face à la Suisse, il veut avant tout que le groupe soit soudé, partant du principe simple que l’union fait la force. «Si on veut aller loin, il ne doit pas y avoir de scission entre ceux qui jouent et les autres.» Plus facile à dire qu’à faire et Raymond Domenech de conclure : «Personnellement, je n’ai pas d’angoisse particulière car je les sens, je les vois et ils ont tous envie. Les “anciens” apaisent un peu l’excitation.»
Après un rapide coup d’œil sur sa montre, Raymond Domenech constate qu’il est l’heure de lever la séance. Toutes les bonnes choses ont une fin !
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier