Raymond Domenech : « on avance tranquillement »
Hier, lors de la traditionnelle conférence de presse, Raymond Domenech avait le sourire. Normal, ses joueurs, en battant le Togo (2-0) et en se qualifiant pour les huitièmes de finale de la Coupe du Monde, lui ont peut-être sauvé sa place de sélectionneur…
Il s’en est fallu de peu pour que les Bleus ne rentrent à la maison plus tôt que prévu et que Raymond Domenech ne se retrouve sur un siège éjectable. Jusqu’à la 55′, le sélectionneur des Bleus n’en menait pas large. Ses joueurs butaient régulièrement sur un Agassa chaud bouillant alors que les minutes défilaient inexorablement. Et puis Patrick Vieira, capitaine d’un jour, est arrivé. Et puis, Thierry Henry a suivi. Le visage de Raymond Domenech s’est alors détendu pour finalement laissé place à un large sourire au coup de sifflet final. Hier, le sourire n’avait pas quitté le visage de Raymond Domenech tout heureux d’affronter les journalistes en vainqueur et donc en position de force.
Quel est votre sentiment après cette qualification ?
Raymond Domenech : «C’est un vrai moment de satisfaction. Quand on arrive dans la nuit à l’hôtel, on peut se dire que l’on est encore là pour quelques jours et c’est un vrai bonheur ! Nous avons passé une étape, il y en a une autre qui arrive. Cette qualification n’est pas une finalité. On avance tranquillement.»
Cela faisait longtemps que l’équipe de France n’avait pas gagné avec deux buts d’écart dans une compétition officielle ?
R.D. : «Depuis 98 ! Il y a une forme de continuité. S’il n’y avait pas eu les deux autres matches, nous n’aurions pas pu faire celui-là. C’est une bonne bouffée d’oxygène.»
Quel a été votre discours à la mi-temps ?
R. D. : «J’ai simplement résumé le discours des joueurs. Un match peut se jouer à la 90′, à la 93′. Il fallait continuer à user l’adversaire. Il ne fallait surtout pas avoir de gestes stupides au risque de se retrouver à dix. Il ne fallait pas faire n’importe quoi même à 0-0.»
Comment expliquez-vous ce manque criant de réalisme ?
R. D. : «C’est le seul domaine où les entraîneurs et les sélectionneurs n’ont aucun poids. Jouer en équipe de France, cela met de la pression. Ils ont raté des occasions mais je savais qu’il y en aurait d’autres. Encore fallait-il les mettre au fond…»
C’est le genre de rencontre qui a puisé dans les organismes…
R. D. : «C’est vrai que l’on dépense beaucoup d’énergie. Mentale- ment, on ne peut pas se relâcher, exception faite des dix dernières minutes et le deuxième but inscrit par les Suisses. On a été solide. Nous avons désormais trois jours pour bien récupérer.»
Un mot sur les supporters présents à Cologne ?
R. D. : «Il s’est vraiment passé quelque chose mais pas à ma demande. A Cologne, les joueurs ont vu des supporters devant l’hôtel, des gens qui les encourageaient avant et pendant le match. Ils n’avaient pas vécu cela avant et ils sont allés les saluer, c’est un premier pas.»
Pourquoi Zinédine Zidane et
Eric Abidal n’étaient pas sur le
banc ?
R. D. : «Ils n’ont pas souhaité être
dans les tribunes pour que le
match ne se passe pas plus dans
les tribunes que sur le terrain. Ils
n’ont pas voulu être sur le banc et
ne rien pouvoir faire. Ils sont donc
restés aux vestiaires. Ils étaient là
avant, pendant, à la mi-temps et
après le match. Ils ont pleinement
vécu le match avec l’équipe.»
Le match face à l’Espagne sera une rencontre particulière pour vous ?
R. D. : «Oui, par rapport à mes racines du côté de mon père. J’ai toujours de la famille en Espagne mais je suis plus Catalan qu’Espagnol. Il faut faire abstraction de cela pour un match. Cela ne pèse pas dans le jeu.»
Un mot sur votre prochain
adversaire ?
R. D. : «C’est un équipe qui joue
bien, qui marque beaucoup de
buts et qui possède des joueurs de
haut niveau. Ils sont performants
sur les coups de pieds arrêtés,
comme toutes les équipes.
C’est un vrai problème mais
également un plus pour toutes les
formations.»
Les Bleus ont-ils l’étiquette de favoris ou d’outsiders ?
R. D. : «Nous ne sommes pas plus favoris qu’outsiders. Il y a 0-0 au début du match que je sache !»
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier