Raymond Domenech : « c’est une immense déception »
Les joueurs n’ayant pas souhaité s’exprimer à chaud hier, Raymond Domenech a porté seul sur les épaules le poids de la déception tricolore. Les mots sont amers, mais pesés.
L’expulsion de Zinédine Zidane est-elle le tournant du match ? Raymond Domenech (sélectionneur des Bleus) : «L’expulsion de Zidane est un élément du match mais ce n’est pas le seul, il y a également la sortie sur blessure de Patrick Vieira. Sur la seconde période et la prolongation, ils n’attendaient qu’une chose, la séance des tirs-au-but. C’était leur seul espoir alors que l’on avait le match bien en mains.»
Zinédine Zidane vous a-t-il dit
ce qui s’est passé ?
R. D. : «Il s’est passé quelque
chose, c’est évident, mais quoi ?
Je n’en sais rien. Ce que je sais en
revanche, c’est que Materazzi est
l’homme du match et non Grosso.
Il provoque le penalty, il égalise et
fait expulser Zidane. C’est un
geste inutile que je regrette mais
je n’ai pas vu les images.»
Est-ce que cette expulsion a modifié votre plan de jeu ?
R. D. : «Sur les penalties, cela ne change pas grand chose à part le fait qu’il aurait pu tirer. Ceux qui se sentaient bien sont allés tirer, il n’y a pas de plan de jeu.»
Avez-vous des reproches à faire à vos joueurs ?
R.D. : «Non ! Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient même si l’on peut toujours mieux faire.»
Quel a été votre discours à
l’égard de vos joueurs ?
R. D. : «Au delà de la déception
qui est logique et naturelle, il faut
qu’il garde l’esprit et les relations
qui se sont nouées entre eux
durant cette Coupe du Monde.»
Quelle analyse faite-vous de cette Coupe du Monde ?
R. D. : «On l’avait préparé pour être au top. Physiquement, même en prolongation, nous avons été largement au-dessus de l’adversaire. L’équipe, tout au long de cette Coupe du Monde, est montée en puissance, elle s’est structurée. Maintenant, on ne peut pas être content même quand on perd aux penalties. Je retiens uniquement la déception.»
Etes-vous fier d’avoir amener les Bleus en finale de la Coupe du Monde ?
R. D. : «Peut-être dans deux-trois jours quand je vais essayer d’oublier la déception. Les autres sentiments viendront peut-être avec le temps. Pour le moment, c’est une immense déception.»
Quel est votre avenir avec les
Bleus ?
R. D. : «Pour le moment je vais
partir en vacances. Le Conseil
Fédéral se réunit mardi 11 juillet,
le Président vous donnera la
réponse.»
Irait vous défiler demain (aujourd’hui) sur les Champs ?
R. D. : «Si c’est moi qui décide, on ne fait pas de défilé. Il y a 30 ans on a défilé pour une défaite (en allusion à la descente des Champs-Elysées par les joueurs de Saint-Etienne après leur défaite en finale de la Coupe des Clubs Champions face au Bayern Munich à Glasgow), alors je ne préfère pas.
C’est très français ça, d’être content d’avoir perdu, d’être content de ne pas être vainqueur. Moi je ne peux pas être content. Forcément. Il y avait de la place pour gagner. Je ne peux pas être heureux d’être simplement le fina- liste».
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier