Rappel à l’ordre – L’édito de Patrice Chabanet
L’affaire de Minneapolis n’est pas sans influence sur les relations police-citoyens. Certes la police américaine est connue pour sa violence dans l’action et pour ses dérives racistes, antisémites et homophobes. Mais l’émoi provoqué par le meurtre de George Floyd s’est répandu sur toute la planète, avec des manifestations qui ont surpris par leur ampleur, notamment à Paris. L’exécutif a donc pris acte d’un mouvement dont on sait comment il commence mais qui peut mal finir. La jeunesse des manifestants lui confère une vitalité indéniable. Les mots d’ordre ont évolué. En France, la mort de George Floyd a ouvert la voie à la dénonciation des « violences policières ».
Hier, Christophe Castaner a récusé l’expression. Il a juste accepté la notion de « bavures » dont il n’a pas prononcé le mot. Sa démonstration : les dérives de brebis galeuses dans la police et la gendarmerie ne sont pas l’expression d’une culture de groupe. D’où l’annonce de mesures spécifiques : fin des techniques d’étranglement lors des arrestations, poursuites et sanctions à l’encontre de ceux qui expriment des propos racistes ou antisémites, réforme de l’Inspection du ministère de l’Intérieur, contrôles d’identité justifiés, en clair pas à la tête du client…Christophe Castaner aura-t-il convaincu ? Le divorce entre la police et une partie de la jeunesse permet d’en douter. La méfiance est bien installée. Il faut reconnaître aussi que l’infusion de thèses racistes n’est pas l’apanage de la police et de la gendarmerie. C’est toute la société qui est contaminée. Il suffit de naviguer sur le net ou d’écouter certains polémistes pour s’en convaincre. Il n’y a pas d’interdit dans l’abjection. Juste l’expression de la haine de l’autre, exprimée dans l’anonymat.