Raison retrouver – L’édito de Christophe Bonnefoy
On ne peut pas vraiment dire que la semaine politique ait renvoyé une image très glorieuse de ce qui devrait pourtant être une noble discipline. Et même, lorsqu’à demi-mot, on vient suggérer qu’une démocratie n’en serait plus totalement une puisqu’un pouvoir en place céderait à la tentation de museler les oppositions par des moyens fallacieux, il y a de quoi s’inquiéter. Tout autant que lorsque sont violemment remis en cause les médias et leur rôle, à coups d’attaques qui frisent bien souvent l’insulte.
C’est oublier un peu vite qu’ailleurs, pas forcément très loin de nous, certains se battent encore de nos jours pour une liberté qu’ils n’ont jamais ou que très rarement tutoyée. Demandez donc aux Afghans ce qu’ils en pensent. Voter, là-bas, est une question de vie ou de mort. En ce samedi de législatives, c’est d’ailleurs plus de mort qu’il était question que de vie. Se déplacer pour déposer son bulletin dans l’urne tenait presque de l’héroïsme. Hier, le scrutin a fait une trentaine de victimes dans tout le pays, dont treize en un même lieu, à Kaboul. C’est dans la peur que les électeurs tentaient de voter. Dans un pays assommé depuis des décennies par la violence et la confusion totale, la recherche de liberté n’a de démocratique que le mot. Elle s’apparente plutôt à une véritable guerre. Un combat pour la survie.
Voilà qui devrait ramener chacun, ici, chez nous, à un peu plus de raison. Débattre, s’opposer, bousculer, contester, dénoncer, oui. Mais avec décence et en gardant les pieds sur terre. Et sans, précisément, insulter – et placer au centre de son viseur – ceux qui sont quelque part les garants d’une démocratie qui tourne rond, qu’ils relatent des faits – la presse – ou soient à la recherche de la vérité – la justice -.