Rafa et Stan en patrons !

Les demi-finales hommes, très attendues, ont donné lieu à un match de titans entre Stan Wawrinka et Andy Murray et à une domination sans partage de Rafael Nadal sur Dominic Thiem. Stan et Rafa se retrouvent demain en finale.

Comme on se retrouve ! Rafael Nadal et Stan Wawrinka vont rejouer une finale l’un contre l’autre, après l’Australie, en 2014, où Stan avait ouvert son palmarès en Grand chelem. Les spectateurs du Central, lors des tant attendues demi-finales messieurs, ont assisté à deux matches avec des physionomies bien différentes. Les plus chanceux ont assisté au match de mutants entre Wawrinka et Murray. Ceux qui n’ont vu que la deuxième, avec le système de double billetterie, avec un Central complètement vidé, puis rempli, avec des gens qui ont patienté deux heures dans les allées, ont assisté au récital du maître des lieux, Rafael Nadal, neuf fois vainqueur dans son jardin de la Porte d’Auteuil en neuf finales.

Pluie de coups gagnants pour Stan

Lors de la première demi-finale, hier, le public a pu assister à la première grosse bagarre entre favoris de ce cru 2017. En effet, l’affiche avait tout pour être alléchante entre Stan Wawrinka, déjà vainqueur à Paris en 2015, et Andy Murray, finaliste l’an passé et N°1 mondial. Soit la revanche de l’an passé rempor- tée par le sujet de sa majesté. Le match, combat de boxe des temps modernes, spec- tacle d’une intensité folle, a été épique entre deux hommes aux styles différents, entre la puissance à l’état brut de Wawrinka, notamment côté revers, et le jeu tout en variations de l’Ecossais, grand tacticien, entre balles bombées, amorties, slices et défenses extraordinaires, mais qui a manqué d’un coup décisif. Paradoxalement, si le Vaudois a légèrement dominé les dé- bats dans les trois premières manches, il s’est retrouvé mené deux manches à une ! La première, conclue au tie-break, après un meilleur départ du Suisse (5-3), a tourné à l’avantage du Britannique, magnifique en défense, qui a sauvé une balle de set et a profité des fautes directes dans les moments importants de “Stan the man” (6-7). Après un deuxième set mieux maîtrisé, Wawrinka revient à hauteur (6-3). Alignant sept jeux de rang, l’Ecossais, mené trois à zéro, se rebiffe et finit par faire à nouveau craquer le Suisse (5-7). Le tournant du match se situe au quatrième set. Dans un nouveau jeu décisif, le Suisse, d’un magnifique coup droit gagnant, plie l’affaire (7-6). Le cinquième set voit l’Ecossais baisser de pied physiquement sous les coups de boutoir de Stan. Après 4 h 34’ d’efforts très intenses, Wawrinka, qui a fini très fort, auteur de 87 coups gagnants – contre 36 à Murray – retrouve la finale Porte d’Auteuil (6-1), deux ans après celle remportée contre Novak Djokovic.

Que dire de la seconde demi- finale, dans un Central qui a mis du temps à se remplir, la faute à la double billetterie ? Que Rafael Nadal a tout simplement marché sur Dominic Thiem, qui était pourtant le seul à l’avoir battu cette année sur ocre, à Rome.

Nadal express !

La seule alerte côté espagnol a été le premier break pour l’Autrichien. Mais “Rafa”, comme lors de ses tours précédents, a vite repris le dessus, profi- tant des fautes en pagaille de Thiem et très percutant avec son coup droit lasso (6-3, 6-4, 6-0 en à peine plus de deux heures). Le grand “Rafa”, vainqueur de 14 Grands chelems, à 30 ans, après un abandon avant le troi- sième tour, est de retour, après son forfait l’an passé, en plein tournoi, à cause de son poignet. Pour le jeune autrichien, qui disputait sa deuxième demi-finale de rang ici, les balles de break manquées, essentiellement dans les deux premiers sets (seule- ment une sur huit converties contre six sur dix pour Nadal) ont fait la différence. L’apprentissage du très haut niveau se poursuit pour celui qui avait martyrisé Djokovic en quart de finale. Cette fois, c’est lui qui a pris une cinglante roue de vélo dans le troisième set. Sans plan B, essayant de taper très fort, mais sans véritable- ment déborder son adversaire, Thiem, qui n’avait pas encore foulé le Central, a enchaîné les fautes et n’a pas été en mesure de déborder le Taureau de Manacor, finaliste en Australie et qui n’a perdu qu’une seule fois sur terre battue cette saison. Si Thiem aura d’autres occasions de disputer des finales de Grand chelem, lui qui est le meilleur de la génération montante, il y avait un gouffre hier entre les deux joueurs. Place désormais au duel de géants entre Rafa et Stan !

Nicolas Chapon