Raccourcis – L’édito de Christophe Bonnefoy
Nous voilà presque revenus à la normale. Politiquement parlant. Pendant un peu plus de deux mois, les partis ont eu la décence, globalement, de ne pas glisser vers l’électoralisme. Bien sûr, les critiques ont pu fuser, au plus fort de la crise du coronavirus, en particulier sur la disponibilité – ou non, en l’occurrence – de masques censés aider à préserver des vies. Logique. Ce fut tout l’intérêt du débat, que de pousser au mieux pour combattre le pire.
On nous dit, depuis quelques heures, que la pandémie semble maîtrisée. Certains sont donc très vite repassés à des combats beaucoup plus politiques, presque dans le mauvais sens du terme, fidèles à leurs bonnes vieilles habitudes. Des habitudes qui consistent, pour résumer, à jeter de l’huile sur le feu pour venir ensuite se poser en sauveurs. Le principe éculé du pompier pyromane.
Jean-Luc Mélenchon est passé maître dans cet art. A trois semaines du second tour des municipales et à deux ans de la présidentielle, le stratège Insoumis tente de se replacer. Sur les violences policières par exemple. La colère face à la mort de George Floyd aux Etats-Unis, est naturelle. En France, celle contre la façon de faire de certains policiers, y compris sur les réseaux sociaux, soulève un problème qu’il serait irresponsable de nier, même s’il ne faut jamais tomber dans l’amalgame ni la généralisation.
Mais l’ancien ministre socialiste, lui, semble prêt à tout pour récupérer le fruit de la grogne. Y compris, justement, à manier l’amalgame et les raccourcis faciles. On l’a ainsi entendu hier, juste avant de sourire et de se croire obligé de préciser qu’il venait de se livrer à une blagounette, comparer les violences policières à l’intervention des forces de l’ordre au siège de son parti, en octobre 2018. En politique, le monde d’après risque bien de ressembler fortement à celui d’avant. Pour lui, comme pour d’autres.