Vols à Froncles : qui est Elvis ?
Trois jeunes hommes ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Chaumont à des peines de huit à dix mois d’emprisonnement ferme pour des vols commis à Froncles le 18 décembre. Tous avaient nié leur participation aux faits, assurant être venus dépanner un certain Elvis jamais retrouvé.
Durant le mois de décembre, des vols et des dégradations à répétition ont été commis dans la bourgade de Froncles. Ces faits, rapportés dans nos colonnes, ont suscité certain émoi dans la cité. Dimanche 18 décembre vers 6 h 30, les gendarmes alertés par des habitants qui ont entendu des bris de vitres et vu des individus dans la rue ont interpellé, non pas deux, mais trois jeunes hommes âgés de 19 à 27 ans qui, alcoolisés, se trouvaient dans un véhicule, sur le parking près de la caserne des pompiers. Tous trois ont comparu devant la justice vendredi 23 décembre, en détention provisoire pour deux d’entre eux, sous contrôle judiciaire pour le troisième. Les faits qui leur sont reprochés : trois vols en réunion dans des véhicules (un sac à main, une batterie, une sacoche d’outils), et trois tentatives de vols. Cinq victimes, avec pour certaines des conséquences sur leur vie personnelle.
« Aucun fichier »
Que faisaient les trois hommes extérieurs au village dans cette voiture ? Leur version : tous passaient ensemble la soirée en famille et avec des amis lorsqu’ils ont été appelés, en fin de nuit du 18 décembre, par une de leurs connaissances, Elvis, dont le véhicule était en panne à Froncles. Ils y ont été déposés par la compagne d’un des trois, et sont allés le rejoindre pour le dépanner. « Elvis était parti chercher une batterie, on l’a attendu dans sa voiture, il n’est jamais revenu, et c’est comme ça que les gendarmes sont arrivés », déclare à la barre Dylan H.. Qui était Elvis ? Un nom a été donné au cours de l’enquête. Mais cet Elvis, « il n’apparaît nulle part, sur aucun fichier », relève la présidente du tribunal.
Et puis, ajoute la magistrate, « tous les témoins évoquent trois personnes, pas quatre ». Autre question à laquelle ils n’ont pu répondre : comment les objets volés dans les voitures se sont-ils retrouvés dans le coffre du véhicule où ils attendaient ? « C’est Elvis ? », a demandé la présidente. « Ca se peut, ils étaient déjà dans la voiture », a répondu l’un des prévenus. Tous ont nié leur participation aux faits.
« Contradictions »
Leur version du quatrième homme, leurs déclarations selon lesquelles ils dormaient dans la voiture et n’ont pas entendu les dégradations, le ministère public n’y croit pas. « Il y a tellement de contradictions, d’incohérences dans vos déclarations », a estimé le vice-procureur qui a requis douze mois d’emprisonnement ferme pour Lucas G. et Jason L., et huit mois pour Dylan H.
A l’exception de Jason L., mais il sera convoqué l’année prochaine dans une autre région pour d’autres faits, les prévenus ont déjà fait l’objet de condamnations. Notamment Lucas G. qui venait de sortir de prison le 21 octobre 2022. Tous sont en couple, tous sont pères de famille (ils ont chacun deux enfants), aucun n’a d’emploi.
« Pas de relevés d’empreintes »
« Coupables avant d’être jugés ! » C’est la tonalité de la défense des trois avocats qui ont tous pointé du doigt « l’absence de preuves» dans ce dossier. « Il y a des vols à Froncles, alors on veut aller vite, on veut de la comparution immédiate, mais il n’y a pratiquement pas d’éléments à charge », tonne Me Grosjean.
« Il n’y a pas eu de relevé d’empreintes, souligne Me Aidan. Avec des empreintes, on aurait peut-être pu retrouver le fameux Elvis. » Et puis, ajoute l’avocat, « après avoir commis un vol, est-ce qu’un voleur s’endort dans une voiture, ou est-ce qu’il va demander des pinces à des voisins ? »
Quant à Me Lalloz, elle s’interroge : « Il faut être idiot pour rester dans une voiture. Mon client l’a dit aux enquêteurs : « pourquoi vous ne regardez pas les caméras, vous verrez que je n’ai rien fait ? ». » Et tous de demander la relaxe. Verdict : dix mois d’emprisonnement pour Lucas G. et huit mois pour Jason L. qui resteront en prison, dix mois pour Dylan H. pour lequel le tribunal a demandé l’incarcération immédiate. Vendredi soir, la défense n’excluait pas un pourvoi en appel.