Question d’image – L’édito de Patrice Chabanet
L’opposition de gauche, de droite et d’extrême droite a tiré à boulets rouges sur le gouvernement après les graves incidents du 1er mai à Paris. C’est un grand classique, quel que soit le pouvoir en place et quelle que soit la couleur politique de ses adversaires. Hollande a dû se justifier sur des désordres en queue de manifestations, à la fin de son mandat. En 2006, en marge des manifestations anti-CPE, de graves incidents avaient été provoqués par des groupuscules non-identifiés. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait été accusé par un certain Patrick Buisson, d’avoir laissé faire pour mettre en difficulté son Premier ministre, Dominique de Villepin. Bref, malheur à ceux qui sont aux manettes. Leur image en prend un sacré coup. Le mal est fait. Les manifestations annoncées ce samedi prendront valeur de test. Il est probable que des groupes de l’ultragauche tenteront de remettre le couvert. Il est tout aussi probable que le dispositif policier sera adapté à la nouvelle donne, à savoir des casseurs mieux organisés, très mobiles et décidés à faire monter la température révolutionnaire. Edouard Philippe a annoncé hier la dissolution possible de certains groupes connus pour leur violence. Demeure un hic : ces derniers ne sont pas nécessairement inscrits au registre des associations…Une chose est sûre : si de nouvelles violences devaient se produire, elles porteraient atteinte au crédit de l’exécutif qui a fait de la fermeté la marque de fabrique de son action réformatrice.
Il n’y a pas que dans la gestion de l’ordre public que l’image présidentielle est écornée. Dans le domaine fiscal, Emmanuel Macron continue à cultiver, malgré lui, la réputation qui lui est faite de président des riches. Il vient de révéler au magazine américain Forbes que serait mis fin à l’exit tax dont l’objectif était de freiner l’exil fiscal. La justification est certainement pertinente : cet impôt ne rapportait pas grand-chose et pouvait constituer un handicap pour les start-up et les investisseurs étrangers. Mais elle fournit des armes à toutes les oppositions confondues qui font leur miel d’une disposition qui tranche avec les efforts demandés à ceux qui ne sont pas les premiers de cordée.