Saint-Dizier. Quelle trace laissera la capsule enterrée au collège Ortiz ?
ENSEIGNEMENT. Vendredi matin, la classe archéologique du collège Ortiz ainsi que les CE2-CM1 de l’école Lucie-Aubrac ont enterré une capsule, près du gymnase du collège. Cette boîte en bois remplie d’objets sera déterrée en 2026. En parallèle, une exposition se prépare au musée.
Vendredi 16 décembre, c’est la dernière journée de cours pour tous les écoliers bragards avant les vacances scolaires. Au collège Luis-Ortiz, elle a débuté en extérieur pour 44 élèves : la classe de 6e archéologie, accompagnée des CE2-CM1 de l’école Lucie-Aubrac. Tous étaient réunis dans un coin qui sépare la cour du plateau EPS. Un endroit discret que les collégiens ne fréquentent pas au quotidien, où se situait un trou.
C’est là que José dépose une boîte en bois enveloppée de sac poubelle, appelée capsule. A l’intérieur, les élèves ont déposé des objets basiques, « sans réelle valeur sentimentale ou financière, comme des crayons, des gommes », explique Anthony Pinon, professeur d’anglais. Cette capsule ne sera déterrée que le 10 juin 2026. Pourquoi cette date ? « Pour les élèves de 6e, ce sera leur dernière semaine au collège. Quant aux élèves de primaire, ils seront collégiens », précise Lionel Breux, professeur d’histoire-géographie. De quoi faire naître quelques interrogations : « Se souviendront-ils de ce qu’ils ont déposé ? De l’endroit où la capsule est enterrée ? Dans quel état seront-ils ? »
Les traces
Cette action entre dans le cadre d’un projet plus global autour des traces, auquel participent huit professeurs. Lorsqu’il revoit la photo de sa classe lors de l’année scolaire 2011/2012, Lionel Breux l’avoue : « Je peux me remémorer quelle place avait chacun dans la classe, mais les noms… Impossible ». De ce constat est née une interrogation : « Pourquoi on perd le souvenir d’une trace ? » Bingo.
Autour de cette interrogation, les élèves travaillent sur cinq sites historiques : les Crassées, le menhir de la Haute-Borne, la grotte Chauvet, l’amphithéâtre de Grand (Vosges) et le village détruit de Fleury-devant-Douaumont (Meuse). Avec pour chacun, une question sur les traces. « Comment expliquer, par exemple, que l’on a perdu toute trace des Crassées après le XIXe siècle, avant qu’elle ne réapparaisse. Ou qu’un village détruit, sans habitant, a un maire et conserve une trace », schématise Lionel Breux.
Une exposition
Outre la capsule, les élèves et leurs professeurs travaillent sur une exposition qui sera installée au musée municipal, du 26 janvier (vernissage) au 16 mars. Là encore, toujours sur la thématique de la trace et avec le concours du corps professoral.
« L’idée était que les élèves prennent une trace chez eux, la relient avec un élément contemporain et la mettent en scène. Des traces, on en produit toujours », détaille Patrice Schenck, professeur d’arts plastiques, en montrant l’imposante création des élèves. En SVT, un bocal regroupe différentes couches (sable, ciment, huile…) dans lesquelles sont cachés des objets. En technologie, un village gaulois est représenté avec un menhir, conçu à l’imprimante 3D. Et bien d’autres encore.
« Nous travaillons également sur un projet d’escape game à cette occasion », conclut Lionel Breux. A découvrir fin janvier 2023.
Louis Vanthournout