« Que du bonheur ! »
Il y a deux ans, Franck Ribéry jouait en National à Brest. Demain, il disputera une demi-finale de Coupe du Monde face au Portugal avec l’équipe de France et Zinédine Zidane «qu’il regardait à la télé.» Un bien beau parcours pour un homme qui croque dans la vie comme dans un ballon : à pleines dents !
Lorsque Raymond Domenech, le sélectionneur de l’équipe de France, communique la liste des 23 qui participeront à la Coupe du Monde en Allemagne, Franck Ribéry est en famille, devant la télé et attend. Sur l’écran de son téléviseur, il aperçoit sa photo. «J’y suis, c’est trop bon !» Son papa ne peut retenir ses larmes. Une émotion bien légitime quand on sait que Franck Ribéry a longtemps galéré, travaillant même avec son père tout en jouant au football. Ses qualités balle au pied ne tardent pas à taper dans l’œil des recruteurs. Il signe alors à Boulogne-sur-Mer (2001-2002), puis à Alès (2002-2003), à Brest (2003-2004) et débarque en janvier 2004 au FC Metz, en Ligue 1. Tout s’accélère, avec un départ en Turquie, à Galatasaray et un retour en France, à l’Olympique de Marseille. Auteur d’une saison remarquable, Franck Ribéry, qui joue avec l’équipe de France espoirs, n’est toujours pas convoqué chez les A. Et puis est arrivé le jour de la communication de la liste des 23. Avouez qu’il y a de quoi perdre la tête mais ce n’est pas le cas de Franck Ribéry. «Beaucoup de choses vont vite pour moi mais le plus important est de se remettre en question tout le temps et de ne pas se prendre la tête. Etre footballeur est un régal.»
Il veut aider ses parents
Et être à la Coupe du Monde ? «Ce n’est que du bonheur. Je suis très content pour moi et ma famille.» Une famille qui compte beaucoup, lui qui s’est toujours pro- mis de gagner assez d’argent pour aider ses parents et faire que son papa, qui connaît des problèmes de santé, n’ait plus besoin de travailler. Une famille qui doit et qui peut être fière de Franck Ribéry. Le petit nouveau des Bleus a tout d’un grand. Auteur, pour sa première titulari- sation, d’une partie mi-figue, mi-raisin face à la Suisse («c’était mon premier match, il faisait chaud, j’avais un peu de stress»), le Marseillais «a pris confiance au fur et à mesure des matches.» Face à l’Espagne, il a ouvert son compteur but chez les Bleus. «Cela donne encore plus confiance», déclare Franck Ribéry qui avoue «se sentir à l’aise et prendre du plaisir.»
Une envie qui oblige les “anciens” à le freiner quelque peu comme l’explique la nouvelle coqueluche des Français. «Ils me disent de gérer mes efforts mais j’ai du mal à m’économiser. Je suis très bien physiquement et j’ai du mal à ne pas aller de l’avant, à ne pas provoquer.» Quitte, demain, face au Portugal, à prendre un carton jaune qui le priverait éventuellement de la finale. «Il ne faut pas penser à cela. Je vais jouer mon match sans me poser de question.»
En 98, il avait 15 ans
Il est comme ça Franck Ribéry, entier. Il ne fait pas les choses à moitié. «Je donne toujours le meilleur de moi-même.» Hors du terrain, Franck Ribéry «vit, chambre, rigole» sans pour autant oublier qu’il y a une demi- finale de Coupe du Monde à disputer. «Ce sera plus dur que face au Brésil. Le Portugal est mieux en place que le Brésil, ils ont de bons joueurs devant.»
Alors qu’en 98, il avait quinze ans et qu’il criait «allez la France», Franck Ribéry, aujourd’hui âgé de 23 ans, dispute sa première Coupe du Monde et une demi-finale. Un rêve éveillé, en quelque sorte, en attendant mieux…
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier