Que des vainqueurs – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est ce qui s’appelle obtenir une place d’honneur. Attention : au sens premier du terme. Yannick Bestaven est arrivé troisième du Vendée Globe. Mais c’est lui qui soulève le trophée. Parce que c’est un navigateur hors pair. Mais aussi parce qu’au jeu des bonifications de temps, il a virtuellement devancé celui qui avait franchi la ligne d’arrivée en tête mercredi soir : Charlie Dalin. Parce qu’il a placé la vie au-dessus de la compétition. Parce que, tout simplement, tout comme Jean Le Cam et Boris Herrmann, il a pris le risque d’hypothéquer ses chances de victoire pour sauver Kevin Escoffier d’un naufrage. C’est tout simple. Mais tellement beau. Homme d’honneur. C’est peut-être d’ailleurs l’histoire qui est la plus belle sur cette édition. Pas le nom du vainqueur, finalement.
Les Jules Verne des temps modernes ont passé 80 jours en mer. Certes, à bord de monstres de technologie. Mais seuls. Seuls face aux océans déchaînés, seuls face à eux-mêmes. C’est déjà un exploit, en soi. Amoureux fous des océans, ils ont affronté les pires éléments pour vivre leur passion. Fatigués, usés, à bout parfois, mais heureux.
En cette période de pandémie, le retour sur la terre ferme sera sans doute compliqué. Dur à digérer. Mais tous, ou presque, n’auront qu’une idée en tête : y retourner. Cette année, ils auront en tout cas au moins prouvé une chose : peu importe le résultat, d’une certaine façon. On gardera en tête que ces navigateurs, tout compétiteurs acharnés qu’ils soient, ont en eux une sacrée part d’humanité. Et qu’ils ont tous gagné. Qu’ils y ont tous gagné. A méditer…