Quatrième dimension – L’édito de Christophe Bonnefoy
Bienvenue dans la quatrième dimension. Qu’on l’appelle cagnotte – ou fonds solidaire, le terme serait plus adapté – l’élan qui a permis de récolter en quelques heures plus de 117 000 euros en faveur du boxeur aux poings et pieds incontrôlables dépasse l’entendement. Certes, le site Internet, support bien connu de ces campagnes participatives, a clôturé la chose face à la polémique. Mais l’idée même avait de quoi choquer. Pas ce principe qui consiste dans la majorité des cas à lever des sommes plus ou moins rondelettes pour de nobles causes. Mais celui, au contraire, qui consiste d’une certaine manière à cautionner des actes par définition contraires à la loi.
Tout aussi dérangeante est d’ailleurs l’initiative de Renaud Muselier. Lui a décidé de lancer, en réaction à la première, une seconde cagnotte en faveur des membres des forces de l’ordre blessés dans les manifestations. Tentation du coup de com’, quand tu nous tiens…
Quoi qu’il en soit, si le gouvernement essaie de se dépêtrer d’une situation politique qui ne cesse de lui revenir en plein visage comme un boomerang – on verra ce qui sortira de la concertation des semaines à venir -, il a déjà sûrement perdu la bataille des réseaux sociaux. Autres temps, autres mœurs, les conflits se jouent aujourd’hui bien sûr dans la rue… mais aussi sur la Toile. L’information se transmet vite. Très vite. Trop vite. Y compris la non-information. Les fake news. Celles que certains prennent pour argent comptant ou dont ils s’arrangent pour (se) laisser croire qu’ils sont dans le vrai.
Résultat : une sorte de tambouille informe sur laquelle le débat a et aura bien du mal à se construire. Du coup, mais pas de la manière qu’il annonçait dans sa campagne, Emmanuel Macron se trouve face à un défi : arriver à faire de la politique autrement. Il n’a visiblement pas encore trouvé la formule magique.