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Quatre membres d’une famille bragarde échappent au pire

La carte de déporté de Paul Greilsamer. Son nom avait été inscrit à l’état civil avec un « m », et non deux. (Collection Janine Greilsamer).

Il est 7 h du matin, à Saint-Dizier, lorsque la Feldgendarmerie se présente, au Château-Renard, au domicile des Greilsamer. Né le 21 février 1906, Paul Greilsamer, ainsi que sa mère, Jeanne, et sa tante, Céline, sont arrêtés. Par chance, ce ne sera pas le cas de tous les membres de la famille.

« Une voisine, madame Eugène Girard, prend alors sa bicyclette, se faufile par les jardins arrière, vers la rue de Vergy, puis vers l’avenue de la République », explique un document familial datant de 1998 et communiqué par Janine Greilsamer. Ce que Mme Girard, fille de l’ancien adjoint au maire Charles Lucot, souhaite, c’est prévenir à temps les autres membres de la famille, Yvonne Greilsamer, ainsi que sa mère, Hortense Arch, et sa fille Denise, qui vivent dans une impasse. 

« Je me souviens qu’elle [Denise] portait toujours l’étoile jaune cousue sur son vêtement, et que je fis retomber son cache-nez pour dissimuler cette dangereuse indication », témoigne Robert, le fils de Suzanne Girard, pour le club Mémoires 52.

Des Justes 

« Les deux dames, et la petite Denise, sont aussitôt parties, avec un menu bagage, vers la Permanence de la Croix-Rouge, située avenue de la République […], précise la famille Greilsamer. Les secouristes de garde les ont cachées dans le grenier. La nuit suivante, elles ont été emmenées à l’hôpital, cachées par les sœurs hospitalières dans une de leurs cellules. Une autre nuit, M. Marin, alors maire d’Eclaron, les a emmenées cachées dans une voiture à bestiaux, jusqu’à Thors. Là, le maire de Thors, M. Poisson, les a logées chez lui, avec de faux papiers, comme employées de ferme. La petite fille, âgée de 7 ans, n’a plus jamais réagi à son nom de Denise ; elle s’appelait alors Rose. »

Paul Greilsamer sera aussi un rescapé. Libéré à Auschwitz le 29 janvier 1945, tuberculeux, il est soigné par des infirmières russes, puis embarqué à Odessa sur un bateau anglais l’amenant à Marseille. Il ne pesait plus que 42 kg.

Exploitant agricole à Thors (Aube), George Poisson était un Haut-Marnais, né à Rizaucourt en 1894. S’il ne semble jamais avoir été distingué par l’Etat d’Israël, il a bel et bien fait partie, comme Michel Marin, de ces Justes qui sont venus au secours de leur concitoyens et leur ont permis d’avoir la vie sauve.

L. F.

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