Emmaüs Foulain : quand une fresque réunit des exclus
Pendant cette semaine du 22 mai, une fresque s’est dessinée sur le mur d’Emmaüs Foulain qui longe la rue des Pichaux. Des jeunes de l’institut médico-éducatif de Brottes et des compagnons ont ainsi pris des bombes de peinture après avoir remis le mur en état à l’automne.
« Donner et acheter à Emmaüs, c’est offrir une seconde vie aux objets et une seconde chance aux hommes. » Voilà la maxime que pourront prochainement lire les passants sur le mur d’Emmaüs Foulain visible depuis la rue des Pichaux.
Celle-ci sera accompagnée d’une fresque représentant le schéma d’inclusion d’Emmaüs, basé sur l’insertion professionnelle. Toutes les étapes de la vie de la communauté seront représentées, de l’arrivée du matériel à sa restauration et à son évacuation. Un portait de l’Abbé Pierre figurera également sur le mur.
Cette fresque a été réalisée par l’artiste peintre Thouf, mais surtout grâce au travail de longue haleine de quelque 25 jeunes de l’institut médico-éducatif (IME) de Brottes et de compagnons d’Emmaüs. Leur travail a commencé en septembre, avec la restauration du pan de mur à peindre.
Echanges et entraide
Entre les compagnons et les jeunes de l’IME, l’entraide a été de rigueur. « Je n’avais jamais utilisé de bombe de peinture, les jeunes m’ont aidé à apprendre à les utiliser. La communication s’est instaurée petit à petit », confie Shahané, une graphiste et photographe géorgienne réfugiée en France, qui est à la communauté Emmaüs depuis un mois.
Karine Lefranc, cheffe de service à l’IME, souligne : « Les jeunes de l’IME sont souvent perçus uniquement comme des personnes en situation de handicap, mais c’est une vision plus que restreinte. Ce sont avant tout des personnes avec des compétences ».
Par ailleurs, ces jeunes ont aidé les compagnons dans leurs activités habituelles, comme le tri de matériaux. Ils se sont également immergés dans leur quotidien, notamment en partageant des repas. « Il y a même eu un après-midi où l’on n’est presque pas retournés travailler après le déjeuner. Les jeunes et les compagnons étaient emportés dans une discussion riche », confie Nicolas Petitgenet, éducateur à l’IME.
Des exclus rassemblés
Ces échanges ont été l’occasion d’aborder le handicap par le prisme de l’interculturalité. « Pour certains compagnons, ce n’est pas commun d’avoir une école dédiée aux personnes en situation de handicap. Dans certains pays, les personnes handicapées restent en famille, dans d’autres elles sont rejetées de la société », explique Dominique Bégny, le président d’Emmaüs Haute Marne.
Qui souligne : « avec ce projet, les compagnons ont pu s’apercevoir qu’ils ne sont pas les seuls exclus, que la vie en France n’est pas toujours rêvée. » A l’opposé, les jeunes de l’IME ont découvert que les personnes sans papiers sont loin du cliché du « bon et du mauvais réfugié ».
« Les exclus, qu’ils le soient à cause du handicap ou d’une situation irrégulière, ont travaillé ensemble. C’est un pas vers l’inclusion, tout en portant son regard vers les autres », conclut Dominique Bégny.
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr