Quand on partait sur les chemins… avec Nicolas Lacroix
Insolite. A initiative peu banale, couverture qui sort aussi des sentiers battus. JHM-Quotidien a suivi Nicolas Lacroix, le président du conseil départemental, qui traverse actuellement la Haute-Marne à pied, de Montier-en-Der à Bourbonne-les-Bains. Il marche vite mais nous avons tenu le rythme ce mardi entre Maranville et Marmesse.
Ce mardi matin aux aurores. Ah oui, c’est vrai, il faut que je pense à prendre mes baskets. J’espère qu’il ne tombe pas des cordes sinon ça ne va pas être une partie de plaisir. Rapide coup d’œil par la fenêtre, le jour se lève. C’est un peu couvert mais il ne tombe rien. Si c’est le cas, j’écourterai ma participation… Après tout, je ne suis pas présidente du conseil départemental.
Allez, il faut déroger à la règle, ne pas commencer la journée à jeun, manger au moins un fruit ce matin… Éviter aussi de se jeter sur le paquet de clopes. De toute façon c’est sûr, je ne vais pas suivre le rythme, j’espère qu’il y aura du monde venant à sa rencontre pour discuter, ça me fera une petite pause. Et si je ne tiens pas la cadence, je décroche…
Un challenge personnel
De quoi va-t-on parler ? Moi je suis plutôt là en observatrice, pour scruter s’il y a un public au-delà des élus. Petite pensée amusée à leur attention. L’accueil républicain a bien changé, avant on recevait le président du Conseil départemental en mairie autour d’un verre et de petits fours et là il faut chausser les baskets pour le suivre un peu durant son parcours.
Bon je ne vous cache pas que j’aimerais bien avoir une ou deux confidences… sait-on jamais. Il ne faut pas user ses semelles pour rien.
Alors cette 3e traversée de la Haute-Marne, de Montier-en-Der à Bourbonne-les-Bains en passant par Richebourg et Langres ?
C’est 100 % un plan com’ ? Ou est-ce une autre manière réellement d’appréhender la Haute-Marne et ses habitants ? Un peu des deux. C’est néanmoins un défi physique car 150 km à pieds en 4 jours, il faut tenir la distance. « Oui c’est un challenge personnel aussi », sourit Nicolas Lacroix lorsque je le retrouve à Maranville. « Je n’ai pas eu le temps de me préparer », s’inquiète-t-il un peu ayant eu, déjà à l’issue de la première étape, une vilaine ampoule à soigner. Chaque soir, le président du Conseil départemental rentre chez lui.
Pas de triche ?
« Quand vous êtes un peu à la bourre sur l’horaire, vous ne montez pas un peu dans le véhicule balai ? », lui lançai-je. « Vous plaisantez », me répond-il visiblement un peu chafouiné par ma question. Bon, ce que je craignais se vérifie. Nicolas Lacroix marche vite, une moyenne d’environ 6 km/h. Je me retrouve vite fait à la traine. A Maranville, les enfants de l’école sont venus l’accueillir à l’entrée du village. Aurélien Joly, le maire, est là aussi. Un petit tour par l’Ehpad Marie-Pocard s’impose.
Nicolas Lacroix a fait stopper la fermeture de l’établissement fin août. « On a six mois pour voir si la structure est viable. Ce que je veux, c’est maintenir une activité pour les personnes âgées ici », rappelle Nicolas Lacroix parlant de « plusieurs pistes ». Le maire opine du chef. Un petit bonjour à Samuel Aubry, « Chez l’Pierre », éleveur de porcs, qui attend avec impatience le nouvel abattoir. Il est temps de reprendre la route, suivre la D6. Rejoindre Cirfontaines-en-Azois et ses belles maisons en pierres apparentes par la jolie vallée inondée d’un soleil généreux en ce milieu de matinée.
« Vous avez quand même le temps de venir prendre un rafraîchissement ? », s’enquiert le maire Dominique Poupot stationné avec son adjointe et une habitante devant la mairie… On va parler eau et assainissement mais aussi des travaux en cours, consécutifs aux terribles inondations de 2018. Rencontre justement avec les ouvriers du chantier en redescendant de la mairie où les boissons (sans alcool bien sûr) ont été avalées d’un trait.
Qu’il arrive entier
Mais à quoi Nicolas Lacroix peut-il bien penser en marchant comme ça toute une journée ? Aux Sénatoriales de 2023 ? La question d’y aller ou pas le taraude. « Non, quand je marche, je pense à tout le travail que je ne suis pas en train de faire (…) Je pense à tout ce qui m’attend la semaine prochaine. Je fais trois réunions avec tout l’état-major des pompiers et tous les maires sur les trois arrondissements », explique-t-il. Il présidera avant une plénière au conseil départemental vendredi, le lendemain de son périple qui se termine jeudi soir à Bourbonne-les-Bains.
Cyril Bourcelot de son cabinet marche à ses côtés durant les quatre jours. « Moi, mon job est de faire en sorte qu’il arrive « entier » à Bourbonne », sourit-il en essayant de faire lever le pied à son président.
Se dessine (enfin !) la pancarte Pont-la-Ville. Quelques mètres plus loin, le maire (depuis 1989) René Richard et deux administrés l’attendent. On échange sur différents sujets dont ces satanés problèmes de télévision et de téléphonie mobile… Ben oui, les éoliennes ne sont pas sans impact… Pont-la-Ville attend aujourd’hui la fibre. « Monsieur le président, j’ai fait demi-tour quand je vous ai aperçu. Je peux aller chercher mon mari ? », demande Thérèse. Son mari sort justement de la maison et discute quelques minutes avec Nicolas Lacroix. Il a lu son livre « Et si les bouseux avaient des idées ».
Un repas écourté par les coccinelles
Essey-les-Ponts se dessine au loin avec ses éoliennes génératrices d’énergie mais aussi de polémiques. Un agriculteur s’arrête sur le bord de la route et discute avec le président du Conseil départemental, escorté avant la pause déjeuner par la maire-déléguée de Marmesse, Jacqueline Darmochod, venue à vélo à la rencontre de Nicolas Lacroix avec une autre habitante de la petite commune déléguée aux illustres étangs.
Comment faire pour entretenir le beau petit cimetière situé derrière l’église et le prieuré à l’heure du zéro phyto ? Ça, c’est un vrai casse-tête… Marie-Claude Lavocat et son mari, Anicet Lavocat arrivent en voiture pour saluer Nicolas Lacroix qui veut encore avancer avant de faire sa pause déjeuner. Celle de lundi a été écourtée par « une attaque de coccinelles. » Le casse-croûte -tiré du sac- permettra à Nicolas Lacroix et Cyril Bourcelot de recharger les batteries pour atteindre Richebourg dans l’après-midi… Moi, je suis exfiltrée, presque ni vue ni connue du terrain, par une collègue : 11,5 km après le début de ma marche aux côtés de Nicolas Lacroix.
Céline Clément