Quand on ne rigolait pas avec l’école
On en parlait au pluriel. Et leur bâtiment était la Tour Eiffel de la cité, un monument autour duquel le quotidien tourne et motif à fierté. Il y a plus de cent ans, les écoles laïques s’écrivaient d’ailleurs avec une majuscule.
Cette photo du début du XXe siècle est posée : les six personnages occupent la place qui permet d’équilibrer leur présence commune -pas sûr que cette conception de l’esthétique, qui résulte du seul respect de l’arithmétique nous parle encore beaucoup. Sauf qu’en correspondant à une vision du monde, cette esthétique-là, fondée sur l’exactitude des mesures, implique la stricte égalité des genres -c’est une représentation de la parité avant qu’elle devienne une religion réglementaire. Les six personnages posent donc bien, même la main coulée dans la poche de l’homme au canotier est à l’opposé de la désinvolture, rappelant la décontraction étudiée des mannequins des photos de mode. Ces six personnages servent l’arrière-plan, ce sont bien les « Écoles laïques » qui font l’objet principal du cliché. Ils leur font une révérence. Aujourd’hui, le bâtiment est devenu une résidence d’habitations à loyers modérés.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr