Quand le train doit s’arrêter, comment ça se passe ?
TRANSPORTS. Après un trajet aller sans encombre, entre Saint-Dizier et Paris, jhm quotidien est monté dans un train aux côtés d’un contrôleur SNCF pour le retour, mardi 4 juillet. Problème, le train a dû s’arrêter au milieu de son parcours. Récit d’une situation de crise, vue de l’intérieur.
Au départ de la Gare de l’Est, à 14 h 36, mardi 4 juillet, tout va pour le mieux. À bord d’un TER Grand Est à destination de Saint-Dizier, Morgan, contrôleur SNCF, effectue ses rondes avec une minutie remarquable. Vérification des WC, des plombages, des marteaux brise-vitres… Rien n’échappe à l’œil déjà aguerri du jeune homme, en tenue réglementaire, avec veste et casquette floquées.
Il sillonne le train, de la locomotive à l’arrière. Rien à signaler. Plusieurs fois avant le départ, Morgan prend le temps de faire des annonces, pour s’assurer que toutes les personnes montées pendant qu’il faisait ses rondes ne se sont pas trompées de train. Un coup de sifflet, verrouillage des portes, et c’est parti pour 2 h 17 de trajet annoncées. « C’est indispensable de prendre autant de précautions, parce que nous sommes responsables de la sécurité des voyageurs », martèle le contrôleur. Un discours qui fait écho à celui de Romain, conducteur sur le trajet aller.
Contrôle des billets
Après une nouvelle ronde de sécurité, alors que le train est cette fois en marche, place au contrôle des titres de transport. « Cela fait partie de notre métier, mais ce n’est pas obligatoire. Nous n’avons pas de politique du chiffre. Si, pour diverses raisons, nous ne pouvons pas contrôler les billets, nous ne sommes pas blâmés », assure Morgan, avant de sillonner une nouvelle fois les wagons.
Six personnes n’ont pas de billet, Morgan établit donc un procès-verbal. À grand renfort de diplomatie et grâce à quelques astuces – « je ne dis jamais “voici votre amende”, mais plutôt, “voici votre titre de transport”, car c’en est un, et c’est moins péjoratif » – les contrôles se déroulent sans heurts. Seul problème, peu après 15 h, un passager signale un bruit de taule anormal.
Dans le flou
Le constatant, Morgan se rue vers la locomotive pour alerter le conducteur. Le train entre en gare de Château-Thierry, et s’y arrête. C’est le début de la fin pour ce Paris – Saint-Dizier. Pendant que la procédure de sécurité se déroule, pour permettre les vérifications (il faut s’assurer qu’aucun train ne passera sur les rails pendant que le conducteur y est), Morgan communique les informations dont il dispose, en temps réel.
« On ne sait pas de quoi il s’agit, ni combien de temps ça va durer. J’en dis le maximum aux voyageurs, mais je n’ai moi-même pas une énorme visibilité sur la suite des événements », explique le contrôleur. Il poursuit : « Ça fait quatre mois que je suis sur les TER Grand Est (avant il était contrôleur dans les TGV, ndlr), c’est la première fois que ça m’arrive. Pile le jour où un journaliste est dans le train. C’est quand même pas de chance… »
« Je ne repars pas »
Impossible de déterminer la provenance du bruit. « Je ne repars pas », annonce le conducteur, autour de 16 h 10. Dès lors, Morgan s’active pour faire évacuer le train. Sa mission principale ? S’assurer que toutes les voitures – c’est le jargon de la SNCF pour parler des wagons – sont vides avant que le train ne soit sorti des voies de circulation. Ensuite, à quai, il s’assure que les passagers ne manquent de rien et répond à leurs – très nombreuses – questions, autant que faire se peut.
Assez vite, une solution est trouvée : les passagers embarqueront dans le prochain train passant par Château-Thierry, à destination de Châlons-en-Champagne. Là-bas, chacun pourra assurer ses correspondances et arriver à destination. Un coup de fil au contrôleur de l’autre train, pour être certain qu’il n’est pas bondé, et la machine se relance. Nous arrivons à Saint-Dizier à 19 h 53 (au lieu de 16 h 53). C’était un peu long, mais tout le monde est arrivé sain et sauf. C’est l’essentiel.
Dorian Lacour