Quand la rue était un point de rencontres
Entendu, les personnages sont nombreux à regarder l’objectif, il n’est pas exclu que le photographe ait sonné le rappel pour cette image de rue du Grand Cloître. Reste le sentiment qu’on y converge naturellement.
En dehors de son esthétisme travaillé, gouverné par la recherche d’un équilibre parfait, cette image vieille de plus d’un siècle nous rappelle que nous avons bien plus vécu dans les rues qu’on ne le fait aujourd’hui. Même convoqués par le photographe, de fait un peu raides, les personnages donnent l’impression de camper dans un univers familier. L’intention du photographe se trouvait sans doute aussi là, c’est une scène de la vie courante à laquelle il paraît s’être attaché. Et c’est l’heure de la ritournelle pour les Langrois de 2022 : avant, bien avant, le quotidien se vivait sans voiture, de quoi oser aujourd’hui un bon débarras, même s’il défie la logique temporelle.
Ensuite, il y a le petit groupe de personnes qui se parlent. Et elles le font donc dans la rue -celle du Grand Cloître. Non pas qu’on n’y échange plus deux mots désormais. Mais peut-être que si l’on était autant à y bavarder, comme sur cette photo, on se demanderait si c’est jour de manif’.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr