Quand la poitrine de Halep devient la solution
Suffit-il d’avoir une poitrine moins généreuse pour gagner en performance ? C’est l’un des arguments qu’avancent les observateurs au sujet de Simona Halep, à l’heure de se présenter, cet après-midi, pour la première fois de sa carrière, en finale de Grand Chelem.
En 2010, à 18 ans, la Roumaine faisait parler d’elle sur le circuit, mais davantage pour son opulente poitrine que pour ses talents tennistiques, quand bien même elle avait empoché, deux ans plus tôt, la victoire des internationaux de France juniors. Oui, c’était “people”, injuste, maladroit peut-être, ou interprété comme de la perversité masculine. Mais c’était manifestement devenu un vrai souci. Médical.
« Ma poitrine me gênait physiquement. Elle était si lourde que j’avais régulièrement des douleurs dans le dos », assurait alors Halep.
Quatre ans plus tard, la Roumaine débarque sur le court central de Roland-Garros, en finale. Quatre-vingt-unième mondiale en 2010, 64e il y a un an tout pile, Halep intégrera, quoi qu’il arrive aujourd’hui, le Top 3 à l’issue de la quinzaine. Un bond de géant qui lui valut, en 2013, le Prix de la meilleure progression de l’année décerné par la WTA, et le constat d’une progression fulgurante sur la dernière saison, six titres en poche à la clé. Et sur toutes les surfaces.
Du bonnet E au bonnet B
Impossible d’échapper au raccourci. En 2010, la Roumaine a franchi le pas et subi une intervention chirurgicale pour procéder à une réduction mammaire devenue indispensable à ses yeux. En passant d’un bon- net E à un bonnet B beaucoup plus classique, elle s’est débarrassée de ses soucis dorsaux, notamment au service. « Cette réduction mammaire remonte à un petit moment déjà, a-t-elle convenu, mais je suis heureuse de l’avoir effectuée. Pour le tennis, je le referais sans hésiter. C’était une bonne décision. »
Ce coup de pouce médical ne suffit toutefois pas à expliquer les résultats de la Roumaine aujourd’hui. Serena Williams, N°1 mondiale, ne semble pas dé- rangée par ses généreux attributs. Halep confie : « J’ai eu un déclic à Rome (en mai 2013), contre Radwanska. Après ce match, je me suis dit que je pouvais jouer à haut niveau et gagner contre les meilleures. Tout s’est mis en place. J’ai eu douze mois impressionnants. » La série est toujours en cours, avec une victoire à Doha en 2014 et une finale à Madrid, il y a trois semaines, perdue contre… Sharapova.
L’explication du jour aura donc des allures de revanche entre deux joueuses aux profils bien différents. « Je vais me battre, prévient Halep. J’ai joué un bon match pendant le premier set à Madrid. J’étais rapide sur le court, je me suis ouvert les angles. Elle est très bien revenue et a frappé plus fort. » On croirait lire le résumé de la quinzaine de Sharapova. Depuis les huitièmes de finale, la Russe a couru systématiquement après le score. Et elle n’a jamais semblé aussi forte que dans cette inconfortable position.
Delphine Catalifaud